Comment évolue le marché de la vente de programmes à l’étranger et de quelle manière se développe-t-il ? Réponse avec Mathieu BEJOT, Délégué général de TV France International, interrogé dans le cadre du Festival International de Programmes Audiovisuels (Fipa). Il aborde avec nous les différents enjeux du secteur de l’export.
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Le marché international de l’export est-il devenu une jungle ?
MATHIEU BEJOT
Absolument ! Il est aujourd’hui difficile de se repérer sur le marché international. Il existe de plus en plus d’opérateurs et nous n’arrivons pas toujours à les contacter. Sur les nouvelles plateformes, les modalités d’achats ne sont d’ailleurs pas toujours bien établies par rapport aux chaînes traditionnelles. Le marché international des programmes audiovisuels s’inscrit au sein d’une concurrence féroce. Il est compliqué à la fois d’exister, de se distinguer et d’avoir le contact régulier avec les acheteurs. Cela demande un travail assez différent de ce qui se faisait il y a une dizaine d’années.
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Les programmes français s’exportent-ils toujours aussi facilement ?
MATHIEU BEJOT
Nous observons une baisse générale de l’achat des programmes français. Il y a une bipolarisation du secteur. D’un côté, les chaînes sont prêtes à casser leur tirelire pour de grosses propriétés. comme «The Voice». Et de l’autre les tarifs sont tirés vers le bas.
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Comment le marché du format se développe-t-il ?
MATHIEU BEJOT
Le marché du format se développe très bien pour des raisons assez faciles à comprendre. Il permet de minimiser les risques pour une chaîne avec un programme qui a déjà fait ses preuves, et dont on peut disséquer la mécanique. Il permet aussi de connaitre les profils d’audience.
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L’ouverture de nouvelles plateformes, à l’instar de Netflix, est-elle une nouvelle opportunité pour le marché de la vente de programmes ?
MATHIEU BEJOT
Les nouvelles plateformes permettent de conquérir des territoires qui étaient au départ assez hermétiques. Cela permet aussi de toucher des audiences de niches et de desserrer le rouleau d’étranglement des diffuseurs.
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Quel est l’état du marché européen de l’export ?
MATHIEU BEJOT
Le marché européen est très morcelé. Il ne nous permet pas d’avoir la même puissance de feu que les Américains. Il y a un travail de fond pour favoriser la circulation des œuvres et permettre l’éclosion d’une conscience européenne audiovisuelle.
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Faut-il avoir une stratégie de «package» pour simplifier la vente de programmes ?
MATHIEU BEJOT
A ce jour, nous avons des acheteurs voulant se simplifier la vie avec l’achat de packs de programmes. On ne peut plus négocier des programmes au cas par cas. Aujourd’hui, il faut trouver des réponses intelligentes à des acheteurs qui ont de gros besoins de programmes. Il faut leur apporter des solutions clés en main. Ces changements ont du sens d’un point de vue économique non seulement pour l’acheteur mais aussi le vendeur.
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Vous réfléchissez au lancement d’une plateforme numérique pour faciliter l’accessibilité aux programmes français. Qu’en est-il ?
MATHIEU BEJOT
Le projet de plateforme permettrait d’avoir un référencement encore plus systématique de la production française. Notre site comptabilise déjà 20.000 programmes référencés. Nous voudrions être un peu le Imdb à la française de manière à ce que les informations sur les programmes soient disponibles. Le deuxième axe est de proposer le visionnage en ligne des programmes. Le but serait d’avoir un point d’accès unique pour les acheteurs. Beaucoup de distributeurs possèdent leur propre screening room en ligne. Mais à un moment donné, les acquéreurs sont submergés de sites à regarder, de mots de passe à retenir,… Nous sommes en train de finaliser la manière dont nous allons structurer le projet. Nous espérons lancer la mécanique dès cette année. L’autre aspect du projet est de mettre en place un laboratoire virtuel permettant de donner des solutions clés en main à nos adhérents pour que tout le monde soit présent dans l’univers de la distribution dématérialisée. C’est une condition de survie. Ce projet a pour ambition de nous faire entrer de plein pied dans l’économie numérique dans laquelle nous sommes déjà.