Mesures de lutte contre les violences sexuelles : après le cinéma, la musique la musique s’y engage aussi

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Plus d’un an après l’adoption par le cinéma de mesures de lutte contre les violences sexuelles, la musique s’y engage aussi sous l’impulsion du ministère de la Culture qui conditionne désormais ses aides au respect d’un protocole de prévention et de signalement. Depuis le début de l’année, toute structure musicale ou de variétés est tenue de former chaque deux ans direction et salariés sur la prévention de ces violences, de proposer un référent général mais aussi un référent pour chaque production impliquant des situations à caractère sexuel. Faute de quoi, les aides versées par le Centre national de la musique (CNM) seraient suspendues. Dès 2019, les langues avaient commencé à se délier, avec notamment le site «Paye ta note» qui a récolté quelques centaines de témoignages anonymes sur «le sexisme ordinaire» dans le monde de la musique, des fosses d’orchestres au jazz et au rap, en passant par les conservatoires. Puis peu après l’arrivée de Roselyne Bachelot rue de Valois en juillet 2020 éclate l’affaire de la soprano Chloé Briot qui a porté plainte pour agression sexuelle contre un partenaire dans une production à l’Opéra Comique, faisant écho à la plainte d’Adèle Haenel au cinéma et suivie de l’affaire du rappeur Moha La Squale. Plusieurs associations, collectifs et sites voient le jour, de @MusicTooFrance, «Balance ton major» ou encore «Change de disque», pour sensibiliser l’opinion publique et rappelant un chiffre d’une étude de 2019 de Cura (Collectif pour la santé des artistes et des professionnels de la musique) et de la Gam (Guide des artistes de la musique): 31% des femmes travaillant dans le secteur musical (artistes ou professionnelles) disent avoir été victimes, au moins une fois, de harcèlement sexuel. «Ce qui a changé ? C’est la prise de conscience qu’il pouvait y avoir un écosystème générateur de violences», affirme la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot. Elle dit poursuivre l’action de ses prédécesseurs et veut parvenir à un «plan global» de lutte contre les violences sexuelles et sexistes dans tout le milieu de la culture. La ministre regrette qu’»il n’y ait pas beaucoup d’éléments chiffrés»: «On travaille par remontée, parce que ces violences ne sont probablement pas toutes exprimées». Depuis sa prise de fonction, elle a fait trois signalements auprès du procureur de la République, dont celui de Chloé Briot et du plasticien Claude Lévêque – qu’elle n’avait pas nommé mais dont les accusations de viols sur mineurs ont été révélées par «Le Monde» -, et se prépare à en faire un quatrième. «On peut espérer que la parole va se libérer mais la pression sur les victimes est énorme», indique encore Mme Bachelot, rappelant que dans le milieu artistique en particulier, «la concurrence est forte» et «la proximité créée par l’exercice de l’art peut amener à des comportements au mieux inappropriés, au pire criminels». Fin 2019, le Centre national du cinéma (CNC) avait préconisé sous l’ex-ministre Franck Riester une série de mesures, dont la formation de 9.000 producteurs, distributeurs et vendeurs internationaux, et la mise en place de référents sur les tournages. Au moins 350 professionnels ont assisté à la formation depuis début octobre selon le CNC, un processus auparavant perturbé par la pandémie. En plus de ces protocoles, le spectacle vivant, le cinéma et la musique disposent d’une «cellule d’écoute et de soutien juridique et psychologique» mise en place en 2020, jointe par téléphone.La ministre veut également «mettre en oeuvre pour 2021 un plan de prévention» dans le secteur de l’édition à travers le Centre national du livre (CNL).