Alain Minc, ancien président du Conseil de surveillance du Monde, a estimé mercredi que les journalistes du Monde étaient «allés au sac d’argent» en choisissant massivement l’offre Bergé-Niel-Pigasse pour le rachat du quotidien. Invité de «Questions d’Info LCP/France Info/AFP», M. Minc s’est dit «très surpris» que «ce journal, qui avait fait de Charles Peguy son emblème, c’est-à-dire de quelqu’un qui n’aimait pas l’argent, se précipite tel ceux attirés par le joueur de flûte vers celui qui a le carnet de chèques le plus élevé, indépendamment du fait que c’est un très bon entrepreneur». «Sociologiquement, c’est très intéressant», a-t-il ajouté. Présentée par trois personnalités venues d’horizons très différents, l’offre Bergé-Niel-Pigasse, qui l’a emporté au Conseil de surveillance du Monde lundi, prévoit d’injecter plus de 100 millions d’euros dans le groupe et n’envisage pas de suppressions de postes. L’offre réunit Pierre Bergé, riche mécène et ancien patron-fondateur du groupe Yves Saint Laurent, Xavier Niel, président fondateur de Free (Iliad), et Matthieu Pigasse, banquier d’affaires, ancien proche de Dominique Strauss-Kahn et Ségolène Royal, propriétaire de l’hebdomadaire «Les Inrockuptibles». Comme on lui demandait son sentiment sur l’avenir du Monde, il a répondu: «On va voir ce que fera M. Niel, car l’argent est chez M. Niel». «Ça me fascine de voir un journal péguyste dire: «c’est lui qui met la plus grosse somme, je cours». Ainsi, va la vie. Les moeurs changent (…) Les journalistes sont allés au sac d’argent», a insisté M. Minc.