Netflix lance «The Eddy», la nouvelle série «jazz»

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Avec son casting international, son tableau plus vrai que nature de Paris et son thème, le jazz, «The Eddy», première série de Damien Chazelle («La La Land») a été diffusée vendredi dernier sur Netflix. 

Elle s’affranchit des codes pour rendre un vibrant hommage à un style musical. Caméra virevoltante, gros plans sur les visages, «jazz sessions»: la série ne ressemble à aucune autre, se rapprochant parfois du cinéma et privilégiant l’énergie de la mise en scène au scénario. La distribution y est pour beaucoup: aux côtés d’André Holland («Moonlight») ici dans le rôle du patron de jazz, figurent Joanna Kulig, chanteuse et actrice polonaise qui crevait l’écran dans «Cold War», ainsi que les Français Tahar Rahim («Un prophète») et Leïla Bekhti, couple à la ville comme à l’écran. L’autre star de la série est Paris, filmée tout sauf comme une carte postale, au terme de vingt semaines de tournage sur place. Exit les plans de la tour Eiffel, les bords de Seine ou les caves de jazz de Saint-Germain des Prés: l’action se déroule autour de Ménilmontant, dans l’est parisien, ainsi qu’en banlieue proche. L’occasion de montrer une ville vibrante, métissée où les personnages parlent français, anglais, arabe ou polonais, commençant une phrase dans une langue et finissant dans une autre. Derrière ce projet, un des plus ambitieux de Netflix: le réalisateur franco-américain Damien Chazelle, entré dans l’histoire du 7e art en devenant, à 32 ans, le plus jeune lauréat de l’Oscar du meilleur réalisateur pour «La La Land». 

Un Américain à Paris : Avant le succès de la comédie musicale mettant Los Angeles à l’honneur, il avait déjà témoigné de son goût pour la musique avec le très remarqué «Whiplash», sur la relation toxique d’un batteur de jazz et de son professeur. Producteur exécutif de «The Eddy», Damien Chazelle a réalisé les deux premiers épisodes en 16mm, un format normalement réservé au cinéma, avant de passer la main notamment à Houda Benyamina, révélée en 2016 avec son premier long-métrage, «Divines». La série en huit épisodes est centrée sur la boîte de jazz, The Eddy, et les difficultés de son patron, Elliot, un Américain qui a quitté les Etats-Unis et semble cacher des choses de son passé. Il tente de maintenir à flot le club avec son associé Farid (Tahar Rahim), aussi pétulant qu’il est angoissé, des problèmes de dette, de possibles malversations et l’arrivée de sa fille Julie, de New York, adolescente interprétée par Amandla Stenberg («Hunger Games»). Chaque épisode est centré sur un personnage, d’abord Elliot , ensuite Julie, Amira (Leïla Bekhti) jusqu’à The Eddy pour le final. L’intrigue tourne autour des problèmes d’argent du club, inclut une enquête policière après la mort tragique d’un personnage et traite de création artistique, en offrant un véritable écrin à la musique. Elle a été composée spécialement pour l’occasion par l’auteur à succès Glen Ballard, qui a contribué à plusieurs albums célèbres, dont «Bad» de Michael Jackson, et donne à l’ensemble une dimension légèrement anachronique, pas tout à fait actuelle, mais pas pour autant ancrée dans le passé.