Netflix : «Prédateur» ou sauveur ?

526

 L es grands diffuseurs et producteurs de films et séries en France ont une position diamétralement opposée face à l’essor des plateformes de vidéo à la demande comme Netflix, dont le statut et les obligations sont sur le point d’être réglementés. 

Dans la «course» contre Netflix, mais également les services vidéo d’Apple ou d’Amazon, «on a un peu du mal à lutter», a reconnu jeudi le PDG de TF1 Gilles Pélisson, lors d’une table ronde au Festival Médias en Seine. 

Vu leur capitalisation boursière, c’est «plus que des géants, certains les appellent des ogres, en tous cas vraiment des prédateurs». 

Pour équilibrer le rapport de force et transposer les nouvelles directives européennes sur les services de médias audiovisuels (SMA), le gouvernement est en train de finaliser un décret qui contraindra les plateformes de vidéos en ligne à contribuer au financement de la production française, sur le modèle des obligations des chaînes traditionnelles. 

«On peut se féliciter que l’Etat ait choisi de faire contribuer les plateformes. On va en bénéficier avec Newen», la filiale de production du groupe TF1, estime M. Pélisson. 

Mais les chaînes craignent que l’arrivée des plateformes, avec à la clé une manne d’entre 250 et 500 millions d’euros pour la production, ne les mette hors jeu. 

Elles demandent notamment d’alléger des règles qui leur interdisent d’exploiter à l’étranger les productions qu’elles financent en France, et que Netflix ne gagne pas en échange de sa contribution une place trop privilégiée dans la chronologie des médias, c’est-à-dire la possibilité de pouvoir diffuser plus ou moins vite une oeuvre après sa sortie. 

«Ce que nous demandons, c’est une égalité de traitement qui n’a pas lieu aujourd’hui», a appuyé Nicolas de Tavernost, président du directoire du groupe M6, lors de la même table ronde. 

«Il ne faudrait pas, pour absolument afficher un accord avec les Gafam (les géants technologiques américains comme Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft NDLR), qu’on s’aperçoive un an après qu’on leur a fait une définition sur mesure qui a déstabilisé l’ensemble du système.»