Nintendo annonce des résultats annuels supérieurs à ses prévisions, mais reste prudent face au déclin de sa vieillissante console Switch

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Le pionnier japonais du jeu vidéo Nintendo a annoncé mardi des résultats annuels supérieurs à ses prévisions, grâce au maintien de ses ventes de jeux, mais il s’est montré prudent pour l’avenir face au déclin de sa vieillissante console Switch. Sur l’ensemble de son exercice 2022/23, terminé fin mars, Nintendo a engrangé 432,8 milliards de yens (2,9 milliards d’euros) de bénéfice net, limitant la baisse de ce résultat à 9% sur un an. Son bénéfice opérationnel a lui reculé de 15%, à 504,4 milliards de yens. Son chiffre d’affaires annuel (1.601,7 milliards de yens, soit 10,8 milliards d’euros), en recul plus modéré (-5,5%), a notamment été soutenu par ses ventes de jeux, avec les succès de «Pokémon Ecarlate» et «Violet», «Splatoon 3» ou «Nintendo Switch Sports», mais aussi de titres plus anciens comme «Mario Kart 8 Deluxe». Les ventes de ses consoles Switch ont, en revanche, chuté de 22% sur un an, à 18 millions d’unités. Une baisse que Nintendo a mise sur le compte de la pénurie de semi-conducteurs, dont a souffert sa production jusqu’à l’été dernier, ainsi que de ventes moins dynamiques que prévu pendant les fêtes de fin d’année. Pour 2023/24, le groupe basé à Kyoto (ouest du Japon) a formulé comme à son habitude des prévisions très prudentes, s’attendant à un bénéfice net de 340 milliards de yens (2,3 milliards d’euros), ce qui serait une chute de 21% sur un an. Il table sur un bénéfice opérationnel de 450 milliards de yens (-11%) et sur des ventes à hauteur de 1.450 milliards de yens (-9,5%), misant notamment sur la sortie vendredi du très attendu «The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom». Dernier opus d’une série phare dont les jeux se sont vendus au total à 125 millions d’exemplaires, ce nouveau Zelda «sera de loin le plus gros contributeur aux ventes de Nintendo pour cet exercice», estime Serkan Toto, analyste de la firme Kantan Games. Le précédent volet, sorti en 2017 en même temps que la Switch, s’était écoulé à lui seul à 29 millions d’exemplaires. Le nouveau Zelda, qui suscite un fort engouement sur internet avant même sa sortie, «a une telle puissance» d’attraction qu’il devrait «doper non seulement les ventes de jeux, mais aussi de consoles», pense M. Toto. Selon cet expert, «Nintendo peut attirer à la fois des clients qui n’ont jamais eu de Switch et des utilisateurs qui vont acheter la version avec un meilleur écran pour ce jeu». Beaucoup d’analystes pensent cependant qu’en l’absence d’autres titres majeurs prévus ces prochains mois, ce nouveau jeu de la saga Zelda ne pourra pas enrayer le déclin des ventes de la Switch, après le record atteint en 2020/21 quand une grande partie du monde était confinée face au Covid-19 et se ruait sur les jeux vidéo.Nintendo prévoit pour l’exercice 2023/24 un nouveau recul significatif des ventes de la Switch, à 15 millions d’unités (-16,5%). Car même si l’impact de la pénurie de semi-conducteurs sur sa production s’est atténué, cette console est entrée «dans sa 7ème année de commercialisation» et donc elle se situe «dans la phase finale de son cycle de vie», explique Hideki Yasuda, analyste de Toyo Securities.Malgré les rumeurs persistantes, Nintendo n’a jamais confirmé jusqu’à présent qu’il planchait sur une nouvelle console, qui pourrait, selon les analystes, voir le jour d’ici à la fin de son prochain exercice, en mars 2025. Le film «Super Mario Bros», sorti en avril et coproduit par Nintendo, dont il met en scène le personnage le plus célèbre, rencontre par ailleurs un succès mondial et a récemment dépassé le milliard de dollars de recettes. Mais son impact sur les résultats du géant nippon devraient être limité car «le ratio d’investissement de Nintendo pour le film n’est pas très élevé», souligne M. Yasuda.