OpenAI a annoncé mercredi avoir conclu une opération financière majeure qui la valorise à 157 milliards de dollars, renforçant le statut du créateur de ChatGPT comme star de la Silicon Valley et acteur incontournable de l’intelligence artificielle (IA) générative. Cette levée de fonds de 6,6 milliards de dollars fait d’OpenAI l’une des trois plus grandes start-up non cotées au monde, selon Bloomberg, aux côtés de SpaceX, le groupe d’exploration spatiale d’Elon Musk et du géant chinois du divertissement ByteDance, propriétaire de l’application TikTok. «Chaque semaine, plus de 250 millions de personnes dans le monde utilisent ChatGPT pour améliorer leur travail, leur créativité et leur éducation», a déclaré l’entreprise dans un bref communiqué. La société de capital risque Thrive Capital a confirmé avoir mené le tour de table. Divers noms de potentiels investisseurs circulaient dans la presse américaine depuis des semaines, dont Microsoft, qui a déjà injecté 13 milliards de dollars dans la start-up, et le géant Nvidia, autre leader de l’IA générative grâce à ses puces ultra sophistiquées conçues spécialement pour la nouvelle technologie. Selon le Wall Street Journal, Apple, qui utilise déjà les modèles d’OpenAI dans son nouveau système d’IA générative, s’est récemment retiré des négociations pour participer au financement. OpenAI a lancé fin 2022 la vague de l’IA générative (production de contenus sur simple requête en langage courant) avec son interface ChatGPT, devenue synonyme de ce nouveau type de service. Depuis, de Microsoft à Google et Meta (Facebook, Instagram), tous les grands groupes technologiques rivalisent à coup d’outils censés aider les humains au quotidien, de la rédaction de messages à l’éducation et à la création artistique. L’étape majeure pour l’entreprise, encore confidentielle il y a deux ans, intervient après une année marquée par le lancement de nouveaux modèles d’IA innovants, mais aussi par de nombreuses controverses. En novembre dernier, le conseil d’administration avait limogé Sam Altman, cofondateur d’OpenAI, lui reprochant un manque de transparence et d’attention aux questions de sécurité. Il avait été rétabli dans ses fonctions à la tête de la start-up au bout de quelques jours, soutenu par l’écrasante majorité des employés et le principal investisseur, Microsoft. Mais depuis, les départs au sommet se succèdent. En mai, le cofondateur et responsable scientifique Ilya Sutskever a quitté le groupe, de même que Jan Leike, responsable de la gestion des risques associés à l’IA générative. Puis un autre cofondateur, John Schulman, s’est aussi éclipsé, tandis que le président, Greg Brockman, s’est mis en congés. Et Mira Murati, la directrice technologique d’OpenAI, a démissionné la semaine dernière, restant vague sur ses raisons. Selon Bloomberg, la start-up pourrait changer de statut, pour mettre plus l’accent sur la génération de profits, sans perdre de vue son objectif de faire bénéficier la société de ses avancées scientifiques. Fondée en 2015, elle a des statuts d’organisation à but non lucratif, et est censée oeuvrer pour le bien de l’humanité. Mi septembre, OpenAI a lancé o1, un modèle d’IA d’un nouveau genre, capable de raisonner et de répondre à des questions plus complexes, notamment mathématiques, espérant ainsi réduire le risque d’hallucinations (réponses saugrenues, incohérentes ou factuellement fausses). OpenAI progresse ainsi vers l’objectif qu’elle s’est fixé de mettre au point une IA «générale», c’est-à-dire une intelligence artificielle mais semblable à celle des humains. «Nous progressons dans notre mission, qui consiste à faire en sorte que l’intelligence artificielle générale profite à l’ensemble de l’humanité», a assuré la start-up dans son communiqué mercredi.