P. AKNINE/A. BADEL (Un homme ordinaire) : «Adapter l’affaire Dupont de Ligonnès en série a été un défi»

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Depuis près de 10 ans, les mystères de l’affaire Dupont de Ligonnès passionnent les Français. Ce mardi 15 septembre à 21h05, M6 diffuse la première partie d’«Un homme ordinaire» (CAPA Drama), une fiction de 4X52’ portée par Arnaud Ducret, librement inspirée de l’affaire Dupont de Ligonnès. Pour nous en parler en détails, média+ s’est entretenu avec Pierre AKNINE, producteur, réalisateur, scénariste & Anne BADEL, scénariste.

MEDIA +

Depuis combien de temps travaillez-vous sur la libre adaptation de l’affaire Dupont de Ligonnès en série pour M6 ?

Pierre AKNINE 

Depuis plus d’un an et demi ! Mon épouse, la scénariste Anne Badel et moi-même, avons travaillé sur l’histoire de la famille Dupont de Ligonnès. Nous l’avons infiltrée, décortiquée avec la lecture de lettres, de mails, d’articles et d’entretiens avec plusieurs protagonistes concernés. Doucement s’est esquissée une conviction, une possibilité d’aborder de manière sensible cette histoire. À cet instant précis, nous pouvions passer à la fiction.

MEDIA +

Cela signifie-t-il que vous ne teniez plus compte de la réalité ?

Anne BADEL 

C’est exact ! Mais nous souhaitions faire une proposition basée sur de nombreux documents. Nous avons consulté les rapports de police. Des journalistes nous ont aidés. Sur le fond, nous n’avons pas changé grand-chose. Nous avons juste changé le nom du personnage principal ainsi que la ville. Dans la fiction, une jeune hackeuse, interprétée par Émilie Dequenne, tente de comprendre ce qui s’est vraiment passé. C’est un profil qui a existé dans l’affaire. En l’occurrence, c’était un homme qui se cachait derrière son écran d’ordinateur.

MEDIA +

Avez-vous consulté la famille Dupont de Ligonnès pour écrire la série ?

Pierre AKNINE

Nous n’avons vu absolument personne de la famille. En revanche, j’ai rencontré le frère d’Agnès Dupont de Ligonnès qui n’a pas beaucoup parlé.

MEDIA +

Quelle a été la partie la plus complexe de votre travail d’écriture ?

Anne BADEL 

Le défi était de proposer un angle et une hypothèse. Notre travail d’écriture a été d’imaginer et de mettre en scène ce qui avait pu se passer entre les individus. Comme tout cela s’était déroulé et articulé dans l’intimité, nous nous sommes reposés sur des situations réellement issues de ce que nous avons pu collecter comme informations.

MEDIA +

Et s’il fallait résumer toutes ces informations ?

Pierre AKNINE 

Pour Xavier Dupont de Ligonnès, sa vie n’est qu’une suite interminable d’échecs. Je pense qu’il a voulu réaliser son chef-d’œuvre, son œuvre d’art : supprimer toute sa famille et disparaître. Il atteint le statut d’assassin divin. Mort ou vif, c’est une star médiatique. Il a «réussi» enfin quelque chose.

MEDIA +

Quel était votre état d’esprit pendant l’écriture ?

Anne BADEL 

C’était assez complexe ! Nous avons commencé à écrire pendant 7 à 8 mois, et ça nous a mis à cran. Nous avons dû faire un break.  

Pierre AKNINE 

Entre-temps j’ai fait une autre série pour Netflix, je suis revenu et j’ai tourné ensuite la série (du 25 mars au 31 mail 2019) à Lyon, Roquebrune sur Argens, en Ardèche et en Espagne.

MEDIA +

Un mot sur le rôle de la musique dans la série ?

Pierre AKNINE 

Composée et interprétée par Tim Aknine et David Enfrein, elle a été conçue comme un personnage faisant partie intégrante de la fiction.

MEDIA +

En octobre 2019, un homme suspecté d’être Xavier Dupont de Ligonnès a été arrêté en Ecosse. Comment avez-vous réagi ?

Pierre AKNINE 

Le premier soir, c’était l’horreur. Je me suis dit «s’ils l’ont trouvé, on est mort». Le projet serait tombé à l’eau. C’était très confus.

MEDIA +

Selon vous, Xavier Dupont de Ligonnès est-il encore vivant ?

Pierre AKNINE 

Pour ma part, il est encore vivant dans un autre pays. Et il a été aidé. C’est ce que nous développons dans le 4ème et ultime épisode de la série.