Plusieurs syndicats d’Orange pointent jeudi la «perte de maîtrise» ou la «fragilisation» des réseaux de l’opérateur téléphonique, après la panne qui a empêché l’accès aux numéros de secours dans toute la France et pourrait avoir entraîné, indirectement, la mort de trois personnes. Pour la CGT des activités postales et de télécommunications (CGT FAPT) «cette indisponibilité majeure fait suite à une recrudescence d’incidents plus localisés mais de même type.
Dans l’Oise, la Haute-Savoie ou à Narbonne ces événements avaient récemment impacté les services d’urgence», explique le syndicat dans un communiqué. «En Bretagne une panne avait également coupé l’accès téléphonique cuivre à une grande partie de la région», ajoute-t-il sans préciser la date de cette panne. Pour ce syndicat, l’origine de l’incident s’explique par «une politique industrielle défaillante» qui a conduit à «la perte de maîtrise des réseaux», et qui «sera accentuée avec le plan stratégique d’Orange en cours». La CGT FAPT dénonce en bloc «un sous-investissement chronique dans les réseaux», une «politique de l’emploi mortifère et des pertes de savoir-faire qui rallongent les délais de rétablissement», des «exigences de délais qui suppriment les tests en amont» ainsi que «le transfert massif d’activités vers les constructeurs et vers la sous-traitance offshore qui accentuent toujours plus la perte de maîtrise sur nos infrastructures». «L’Etat a bon dos aujourd’hui de s’offusquer (…) alors qu’en tant que premier actionnaire il a toujours validé les plans d’économie d’Orange depuis 20 ans et encouragé une politique de dividendes forts comme cela est le cas encore en 2021», s’insurge le syndicat. Pour Sébastien Crozier, de la CFE-CGC (premier syndicat d’Orange), «la technologie, de plus en plus pointue, nous rend paradoxalement de plus en plus fragiles avec de plus en plus d’acteurs, de sophistication à tous les niveaux».
«Cet incident pointe la fragilité des réseaux et en même temps le caractère essentiel des infrastructures télécom qui ne sont pas des produits mais bien un service à la nation. Le moindre incident peut avoir des conséquences très lourdes, pour autant le téléphone a toujours sauvé des vies !», dit-il. Pierre Vars, de l’Unsa, souligne qu’en dépit de toutes les critiques, «il y a aujourd’hui beaucoup moins de pannes qu’il y a 20 ou 30 ans». «On a fait un bond technologique énorme qui s’accompagne d’une grande fiabilité; pendant la crise (covid) on a installé des (logiciels de contournement) VPN en urgence pour sécuriser le télétravail de millions de salariés mais aujourd’hui la moindre panne n’est plus acceptée. Le paradoxe c’est que c’est très fiable, très pointu, mais quand il y a une panne, elle peut être très impactante», reconnaît-il.