En dix ans d’existence, BetaSeries.com est devenue la première plateforme et communauté française sur les séries. Focus sur la stratégie de développement de la structure avec Rémi TERESZKIEWICZ, Directeur général de BetaSeries.
Comment BetaSeries est-il devenu le leader de de la recommandation de la série en France ?
Nous étions initialement une plateforme très servicielle permettant la gestion de la consommation de séries : mise en place d’agendas personnalisés, notifications dès la sortie de nouveaux épisodes ou saisons, mise en lumière des nouveautés. Mais depuis, beaucoup de plateformes de SVOD sont arrivées sur le marché et cherchent à valoriser leur offre parmi les multitudes de séries qui sont leurs leviers de différentiation et représentent souvent le plus gros de leur consommation. Le consommateur ne pouvant pas s’abonner à toutes les offres de SVOD, il se tourne naturellement vers un interlocuteur neutre comme BetaSeries pour lui permettre de l’aider à trouver les bonnes séries sur les bonnes offres, légales il va s’en dire. Tout en conservant les notions d’agenda et de notifications, nous orientons donc de plus en plus le spectateur sur la base d’un catalogue analysé et renouvelé de plus de 25.000 séries. Ces dernières sont répertoriées sur des fiches très complètes. A cela s’ajoutent les mises en ligne d’articles et de podcasts dédiés, les commentaires et notes de nos membres pour, là aussi, développer toujours plus de recommandations. Nous nous sommes rendus compte que les gens prenaient beaucoup trop de temps à choisir leur nouvelle série favorite : BetaSeries utilise toute une panoplie de méthodes pour trouver, en fonction de votre profil, les séries qui vous conviennent et vous accompagner jusqu’à les voir.
BetaSeries est donc devenu un média très global ?
Absolument ! Un média gratuit dédié aux séries, mais qui recommande plutôt que critique. Ni générationnel, ni multiculturel, notre média expose et recommande les séries en fonction de leurs cibles et de leurs goûts. Fondée il y a plus de 10 ans, BetaSeries est une structure dans laquelle nous sommes actuellement une quinzaine. Notre trafic a beaucoup crû cette année pour enregistrer désormais 5 millions de visiteurs uniques par mois sur le site et 2 millions de membres dont la grande majorité habite en France. Nous accompagnons toutes les semaines de nouvelles séries qui se lancent ou des séries des catalogues à redécouvrir. Nous développons aussi beaucoup l’international, notamment notre présence en Allemagne et Europe du Sud.
Quel est votre business-model ?
Nous accompagnons les plateformes à travers le lancement de leurs séries et le recrutement de leurs abonnés. Face à la multiplication des offres et le portefeuille des consommateurs qui n’est pas extensible, ces derniers peuvent facilement se désabonner pour passer à d’autres offres. C’est ce que l’on appelle le «churn». Nous avons donc aussi orienté ces partenariats avec les plateformes pour retenir leurs abonnés et valoriser leurs offres y compris dans les catalogues, tout ceci avec des modèles de publicité premium et de l’édito sur-mesure. Nous faisons également beaucoup d’accompagnement marketing et de conseils sur les usages sériels. Nous disposons à ce titre d’une plateforme BtoB qui analyse les usages des consommateurs de séries : nous pouvons par exemple définir la cible marketing des séries en cours et à venir, comment elles performent dans le temps, comment elles évoluent par rapport à d’autres titres. Grâce à notre vision globale sur le marché, nous sommes aussi capables de produire un Top des séries les plus consommées en temps réel, en fonction de ce que déclarent nos utilisateurs dans leurs agendas.
Vous pouvez donc commercialiser ces données auprès de professionnels ?
Oui, nous utilisons tout d’abord ces informations pour bâtir des plans médias extrêmement ciblés et performants et apporter au groupe médias une vision consolidée de l’usage, avec plus de 7 ans de recul. Nous aidons aussi distributeurs et producteurs avec d’autres offres, comme par exemple définir la cible de leur public et ses attentes pour mieux distribuer ou pitcher une série qu’ils présentent aux diffuseurs, plateformes ou chaînes TV.
Quels nouveaux usages observez-vous autour des séries ? Ils sont nombreux et parfois surprenants. Le binge-watching continue par exemple de très bien fonctionner sur les trentenaires à travers des séries addictives où les intrigues sont fortes. Un quart d’entre eux les consomme en deux jours quand les épisodes sont entièrement disponibles dès le premier jour. La force de frappe de Netflix propulse ces nouveautés très vite dans le Top 10 pour ensuite y rester avec le buzz créé sur sa base très importante. C’est le cas de «Lupin» ou plus récemment du «Serpent». Les séries Disney+ suscitent quant à elles un tel effet d’attente sur leurs communauté que des productions comme «Wandavision» ou «Falcon et le soldat de l’hiver» ont la capacité à garder tout l’engagement des fans semaine après semaine, en diffusant épisode par épisode et être numéro un sur une grande partie de la diffusion. Sur les autres plateformes, tout dépend de leur actualité. «La Flamme» ou «Hippocrate» sur myCANAL grimpent brusquement sur le haut du podium quand elles sont mises en ligne. Les grandes séries du catalogue HBO (sur OCS) comme en hiver dernier «His Dark Materials» tirent toujours leur épingle du jeu. Autre tendance à observer, les plateformes AVOD (avec de la publicité) qui devraient prendre de l’importance d’ici 2-3 ans. On observe aussi un intérêt grandissant pour les séries locales et européennes. Plus de la moitié des séries Netflix sont d’ailleurs produites localement et les quotas européens devraient les pousser à investir encore davantage en local. Pour autant, les séries américaines suscitent toujours l’intérêt des consommateurs à encore 60% des usages sur les plateformes (-10% en 1 an).