Record de tournages de films français en 2015

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La production de longs métrages français a atteint un niveau record l’an passé mais ces films ont été plus souvent tournés à l’étranger, la France subissant la concurrence de pays étrangers fiscalement plus attractifs. 189 projets de longs métrages d’initiative française ont été recensés en 2015, contre 148 en 2013, un niveau jamais observé et une hausse de près de 28%, selon les chiffres publiés lundi par la Fédération des industries du cinéma, de l’audiovisuel et du cinéma (Ficam).

«L’année 2015 confirme les alertes lancées par la Ficam, soulignant que la croissance de la production de longs métrages s’accompagnait d’une forte inflation de la délocalisation des films à gros budgets notamment», indique la fédération dans un communiqué. Les raisons d’un tel exil ? Une concurrence féroce de pays étrangers qui ont mis en place des conditions fiscales plus avantageuses pour les tournages réalisés sur leur sol. C’est le cas notamment de la Belgique  – qui propose des crédits d’impôts de 30 à 45% sur certaines dépenses de tournage – ou de la Hongrie qui, contrairement à la France, ne prévoit aucun plafond pour ces incitations.

Pour tenter d’enrayer le phénomène, la ministre de la Culture Fleur Pellerin a décidé de généraliser à partir de 2016 le taux de 30% de crédit d’impôt pour le cinéma, jusqu’ici réservé aux films de moins de 4 millions d’euros. Son plafond a également été relevé à 30 millions d’euros. Une décision saluée par la Ficam pour qui elle constitue «la meilleure réponse pour endiguer ces dérapages». Luc Besson, qui menaçait de tourner sa prochaine super-production «Valerian» à l’étranger, a depuis fait machine arrière. «C’est une formidable nouvelle pour l’économie française», s’est-il réjoui. La fédération relève qu’un «retournement sensible de la situation s’est déjà opéré depuis le début de l’année, affectant à la fois la localisation des prestations techniques, l’investissement et l’emploi dans l’ensemble de la filière». Mais elle souligne toutefois qu’en 2015, 36% des productions, hors films d’animation et documentaires (en semaines de tournage), ont été délocalisées, soit 14 points de plus que l’année précédente, «un niveau jamais vu depuis huit ans».

Pour les films à gros budget (plus de 10 millions d’euros), le taux de délocalisations a culminé à 74% l’an passé, un niveau «encore jamais atteint». Parmi les quatre films de l’année à plus de 20 millions d’euros de budget, trois ont été quasi entièrement délocalisés («Les Visiteurs 3», «The Lake», «HHHH»). Pour le quatrième («L’Odyssée»), la totalité des travaux d’effets visuels a été réalisée à l’étranger.Les délocalisations (en nombre de semaines) ont aussi davantage touché les films de moins de 10 millions d’euros (30% contre 22% en 2014), atteignant 40% pour ceux dont le budget oscille entre 7 à 10 millions d’euros.

Autre phénomène relevé : un nouveau cap a été franchi pour la délocalisation de la conception d’effets visuels, avec «un taux de 60% sur la période, impactant lourdement l’emploi de cette filière, pourtant reconnue dans le monde entier». Fleur Pellerin se rend aux Etats-Unis cette semaine, notamment pour «promouvoir le crédit d’impôt international (réservé aux productions étrangères, NDLR) que le gouvernement a renforcé afin d’encourager les tournages de films étrangers en France», a indiqué le ministère dans un communiqué.