A. REDDE-AMIEL (France Télévisions) : « Nous créons une nouvelle marque ombrelle autour de la musique : ‘Le Grand concert des régions' »

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Quelle évolution pour le divertissement sur France Télévisions ? Galvanisé par le succès des jeux du samedi soir en Prime Time sur France 2 et d’un fond de grille très solide, le service public développe de nouveaux concepts originaux dans un contexte où le retour d’anciens formats cultes est à l’ordre du jour. Entretien avec Alexandra REDDE-AMIEL, Directrice des Jeux et Divertissements de France Télévisions, et Cheffe de la Délégation Française à l’Eurovision.

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Le divertissement et le jeu sur France TV se portent bien. Comment l’analysez-vous ?

ALEXANDRA REDDE-AMIEL

Effectivement, le bilan est très positif, marqué par une offre variée, attrayante et puissante. C’est le fruit d’un travail éditorial minutieux et stratégique de renouvellement de l’offre que nous avons mené avec la direction des programmes et des antennes, visant à captiver tous les publics sur toutes nos plateformes. Entre nos programmes de fond de grille, les Prime Time du samedi soir sur France 2 (qui ont atteint en moyenne 14,7% de pda, soit 2 points de plus que la saison dernière) ou ceux sur France 3 le vendredi, les rendez-vous du week-end, ils ont tous ce point commun: déployer nos singularités, notre ADN, notre histoire, ce qui nous rassemble. Nous continuerons à installer des rendez-vous impactants et innovants pour réunir la famille autour des programmes de France Télévisions en créant l’évènement. D’ailleurs, avec l’arrivée des Jeux Olympiques, la résonance doit aussi avoir lieu dans notre unité. On prépare en ce sens des concerts spécifiques et on mettra nos programmes aux couleurs de la compétition. Par exemple, cet été, «Fort Boyard» proposera une spéciale JO avec des athlètes.

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Votre défi : imposer des rendez-vous. Le jeu en Prime, est-ce la bonne recette?

ALEXANDRA REDDE-AMIEL

Notre objectif est de fixer des rendez-vous réguliers à nos téléspectateurs, de créer le lien en alternant grands divertissements populaires et jeux pour toute la famille. Depuis maintenant plusieurs années, nous avons imposé le jeu en Prime Time et ça fonctionne! Le succès de «100% Logique » (3,5M et 17,6% de pda), «The Floor» (3,3M et 17% de pda) et «Le Quiz des Champions» (2,8M et 15,3% de pda) portés par Cyril Féraud témoigne de cette réussite. Toute la famille est autour de la télévision et joue. J’aime dire que c’est le jeu de société du samedi soir que l’on adore partager entre petits et grands ! Le participatif est un point clé de notre stratégie. Nous adoptons une approche par salves, ce qui crée une véritable attente et donc un rendez-vous. «100% Logique», par exemple, attire une audience non seulement 4 ans+ mais aussi sur cibles (jusqu’à 7 à 9 points au-dessus de la moyenne de la case).

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Un mot sur vos marques existantes ?

ALEXANDRA REDDE-AMIEL

Elles n’ont jamais été aussi populaires! Entre «Fort Boyard», «Les Victoires de la Musique», «Taratata», «La Boîte à secrets» «L’Eurovision» ou «Prodiges»…, nos marques récurrentes sont en pleine forme. J’en profite pour remercier nos talents qui contribuent à tous ces grands succès !

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Quelles tendances anticipez-vous ?

ALEXANDRA REDDE-AMIEL

Vous l’aurez compris, le jeu est à l’honneur ! Mais la musique et les grands évènements restent au cœur de nos tendances. D’ailleurs, afin de célébrer les régions françaises sur France 3, nous continuons à déployer le grand concours des régions avec une nouvelle création autour des chorales. Avec la direction des antennes et programmes de proximité, nous créons aussi une nouvelle marque ombrelle autour de la musique: «Le Grand concert des régions» qui contribuera à promouvoir le patrimoine culturel régional sur France 3. Le 1er numéro sera à Aix-en Provence. C’est une belle collaboration entre France 3, France Bleu et la marque ICI.

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En parlant de France 3, on a parfois du mal à identifier l’ADN des divertissements…

ALEXANDRA REDDE-AMIEL

France 3 est la chaîne de la proximité et de la nostalgie. Avec «La boîte à secrets», des soirées spéciales autour d’artistes,  «Le village/ le monument préféré des Français» ou encore «Les grands concours des régions», nous avons créé des nouvelles marques de divertissements identifiées par nos téléspectateurs et qui rencontrent de beaux succès. Sans oublier bien sûr «Vivement dimanche» et «Samedi d’en rire».

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Face à la concurrence des plateformes de streaming, adoptez-vous des stratégies pour maintenir et augmenter l’engagement du public sur vos chaînes?

ALEXANDRA REDDE-AMIEL

L’exploration de nouvelles narrations est un défi captivant et une véritable stratégie du groupe. Face à l’abondance de contenus accessibles de toutes parts, nous cherchons «l’urgence» de la consommation autour de nos programmes. L’objectif est de développer des expériences complémentaires qui se déploient à la fois sur les chaînes linéaires, notre plateforme France.tv et les réseaux. Un exemple probant est «Drag Race France» qui illustre cette approche hybride entre diffusion linéaire et non linéaire, comme en témoignent les chiffres de la  saison 2 avec plus de 800.000 téléspectateurs par épisode et 3,6 millions de vidéos vues. L’ambition est de poursuivre cette dynamique sur l’ensemble de nos programmes et de réfléchir à des adaptations spécifiques pour le jeune public, y compris sur des plateformes comme Twitch, pour moderniser et étendre la portée de nos marques existantes. Et bien sûr en créer d’autres.

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Quel regard portez-vous sur le retour d’anciens formats ?

ALEXANDRA REDDE-AMIEL

En France, comme à l’international, après le retour des formats de divertissement, c’est au tour des anciennes marques de jeux. Bien qu’il soit instructif d’observer la stratégie des autres chaînes, France Télévisions fait le choix de proposer de nouveaux formats mais aussi d’innover et de soutenir la création originale. Le secteur du divertissement évolue en cycles et c’est dans cet esprit que nos chaînes cherchent à se distinguer par leur créativité, leur singularité. Et si demain nous devions reprendre un ancien format correspondant à notre ADN, on se posera la question. Je ne vous cache pas qu’il y a un ou deux anciens formats que nous expertisons … Mais une fois encore, pour que le paysage télévisuel soit complémentaire, il faut que chacun ait son histoire.