Reporters sans frontières dénonce les «méthodes brutales» du magnat français des médias, Vincent Bolloré

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Reporters sans frontières dénonce jeudi «les méthodes brutales» du magnat français des médias, Vincent Bolloré, appelant l’État, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’Autorité de la concurrence et le législateur à intervenir. 

Dans un documentaire de 16 minutes, intitulé «le Système B», diffusé sur les réseaux sociaux, RSF fait témoigner 11 journalistes sur «le système de contrôle de l’information» de l’homme d’affaires, qui n’a eu de cesse d’étendre son empire médiatique, via son groupe Vivendi.

Les 11 journalistes décrivent, à visage découvert, la «mécanique d’emprise et d’intimidation mise en place par Vincent Bolloré lorsqu’il prend le contrôle d’un média ou lorsque des journalistes enquêtent sur ses activités industrielles». 

Ainsi, Patrick Cohen, ex-présentateur d’Europe midi sur Europe 1 (qui fait l’objet d’une prise de contrôle de Vivendi) s’emporte contre «la façon de s’éloigner des principes du journalisme tels qu’Europe 1 le pratiquait depuis plus de 60 ans».

Isabelle Roberts, co-auteure de la série «l’Empire – Les Jours», rend compte des «méthodes d’un raider, c’est-à-dire quelqu’un qui va arriver dans une boîte, qui va couper toutes les têtes, qui va refaire son truc. Les rédactions ne sont pas habituées à cela. Il va se retrouver avec des gens qui soit ne sont pas d’accord, soit n’osent pas parler, mais en tout cas, sont mis au pas», «Ces pratiques représentent un véritable danger pour la liberté de la presse, mais aussi pour la démocratie», alerte RSF. 

Ce film est un «signal d’alarme», lance le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, alors que Bolloré est désormais présent dans la télévision (Canal+, CNews, C8), la radio (Europe 1, RFM et Virgin Radio), la presse écrite avec «Voici», «Capital» et «Gala», et plus récemment «Paris Match» et le «JDD». «Il est urgent d’instaurer de nouveaux garde-fous», ajoute M. Deloire. 

Au total, RSF formule sept recommandations. Parmi elles, il demande à l’État d’«intervenir pour l’indépendance éditoriale en sa qualité d’actionnaire de Vivendi» (la Caisse des dépôts et Consignation possède 2,20% du Capital du groupe). 

Il interpelle également le Conseil supérieur de l’audiovisuel pour «faire respecter l’honnêteté, l’indépendance et le pluralisme de l’information sur la base des conventions actuelles».RSF incite également «le législateur à mettre en place un dispositif efficace contre les procédures bâillons», armes de dissuasion pour museler les médias. Selon le classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF, la France se situe à la 34ème place.