«Au revoir là-haut», dans les salles mercredi, est une fresque exubérante et baroque de la Grande Guerre, librement adaptée par Albert Dupontel du roman de Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013. Novembre 2018. Terrés dans les tranchées, épuisés, les poilus espèrent un prochain armistice. Deux d’entre eux, Albert Maillard, un hypersensible d’origine modeste et Edouard Péricourt, dessinateur de génie et fils d’une riche famille, voient leurs destins liés par la violence des combats et, une fois les hostilités finies, ont une idée folle: monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans une des toutes premières scènes de ce film, Albert Dupontel, qui joue lui-même Albert Maillard, annonce la couleur: «c’est une longue histoire compliquée». C’est effectivement au fil d’un long flash-back et d’une intrigue à rebondissements multiples que cette tragédie burlesque dénonce la puissance de la banque, le carnage inutile de la guerre, et la corruption d’un système qui en tire profit. «J’y ai vu un pamphlet élégamment déguisé contre l’époque actuelle. Tous les personnages me paraissaient d’une modernité confondante», explique le réalisateur dans les notes de production, en parlant du livre de 600 pages qu’il a adapté pour le grand écran. Mais l’art salvateur est là pour défier le siècle et exposer ses turpitudes. Un art incarné par un jeune Argentin Nahuel Pérez Biscayart, révélé à Cannes par «120 battements par minute» de Robin Campillo. Dans le film d’Albert Dupontel, Nahuel Pérez Biscayart incarne Edouard Péricourt, caricaturiste surdoué et fils d’un puissant banquier, joué par Niels Arestrup. A la veille de l’armistice, un obus déchire son visage et transforme en un éclair le bel artiste flamboyant en «gueule cassée», que l’on ne verra plus que derrière une collection de masques de douleur, de rage, et parfois de joie.
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