Russie: un tribunal prolonge la détention de la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva jusqu’au 5 avril

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Un tribunal russe a prolongé jeudi la détention de la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva jusqu’au 5 avril, a annoncé son employeur, le média Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL).

Un tribunal de Kazan, à l’issue d’une audience à huis clos, «a prolongé l’arrestation de la journaliste de Radio Liberty Alsu Kurmasheva jusqu’au 5 avril», a indiqué RFE/RL sur Telegram.

La cour a confirmé cette information dans un communiqué. Accusée de ne pas s’être enregistrée en tant qu’»agent de l’étranger», elle est l’une des deux reporters américains à avoir été arrêtés en Russie l’année dernière, avec Evan Gershkovich, du «Wall Street Journal».

Le statut d’«agent de l’étranger», qui rappelle le qualificatif soviétique d’«ennemi du peuple», impose aux personnes ou entités visées des contraintes administratives et un contrôle financier très lourd.

Alsu Kurmasheva, dont le média Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL) basé à Prague est financé par le Congrès américain, a été arrêtée en octobre 2023 à Kazan, la capitale de la république du Tatarstan, sur la Volga.

«L’avocat d’Alsu Kurmasheva a insisté pour remplacer sa détention par son assignation à résidence, mais ce recours a été rejeté par le tribunal», a précisé RFE/RL.

La journaliste, qui réside d’ordinaire à Prague avec son mari et ses deux filles adolescentes, s’était rendue en Russie pour une «urgence familiale» le 20 mai mais n’avait pas pu repartir, ses passeports américain et russe lui ayant été confisqués.

En décembre, son employeur a dénoncé l’ouverture de nouvelles poursuites contre elle, rapportées par des médias russes.

D’après les médias Baza et Tatar Inform, la journaliste est ainsi désormais poursuivie pour la diffusion de «fausses informations» sur l’armée russe, un crime passible de prison ferme.

En cause, sa participation à la publication l’an dernier d’un livre intitulé «Dire non à la guerre, 40 histoires de Russes opposés à l’invasion russe de l’Ukraine».

«Le journalisme n’est pas un crime. Il est temps que cette persécution cruelle cesse», a dénoncé en décembre Jeffrey Gedmin, président par intérim de RFE/RL.