S. HEMAR (TV France International) : « L’animation et la fiction demeurent les moteurs de l’exportation »

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Le Rendez-Vous Biarritz, le marché international entièrement dédié aux programmes audiovisuels français vient de fermer ses portes. 850 heures de programmes ont été visionnées par un nombre record d’utilisateurs uniques pendant la manifestation qui a attiré cette année 250 acheteurs étrangers venus de 60 pays et 68 sociétés exportatrices membres de TV France international. Tour d’horizon avec Sarah HEMAR, Déléguée générale de TV France International.

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Les ventes des programmes audiovisuels français à l’international ont été multipliées par 3 en 25 ans. Comment l’analysez-vous ? 

SARAH HEMAR

Le marché se globalise, se complexifie et augmente en volume. La demande en contenus est de plus en plus importante. Les acteurs sont de nature très différente, tout comme les demandes et les négociations. 

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En 2018, le montant de l’exportation de programmes audiovisuels français (incluant les préventes internationales et les apports étrangers en coproductions) atteint près de 276 M€. Le plafond de verre a-t-il été atteint ?

SARAH HEMAR

Nous avons une marge de progression. La France est un grand pays de l’audiovisuel. Nous sommes reconnus partout dans le monde, de par notre excellence en la matière. Nous avons des grands auteurs, une tradition cinématographique, d’excellentes écoles, des lieux de tournage que le monde entier nous envie et du savoir-faire, y compris dans les effets-spéciaux.

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Les plateformes de SVOD ont-elles créé un appel d’air sur les exportations de programmes audiovisuels français ? 

SARAH HEMAR

Totalement ! Aussi bien les plateformes globales, locales et thématiques. Elles font la démonstration que les contenus français peuvent fonctionner dans certains territoires. Les idées préconçues sur la langue ne sont plus justifiées.

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Que représentent les plateformes internationales à l’exportation ?

SARAH HEMAR

Les ventes monde sont portées au 3/4 par les plateformes. Le reste étant les réseaux transnationaux de type Discovery. Aujourd’hui, après l’Europe, c’est le deuxième pôle de ventes. C’est devenu très significatif. Les plateformes de vidéos à la demande sont devenues des acteurs incontournables pour l’exportation des programmes français, notamment l’animation. Dans ce secteur tout particulièrement, les ventes aux plateformes peuvent représenter jusqu’à un tiers du chiffre d’affaires annuel à l’export de certaines sociétés.

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Quels sont les pays les plus friands de programmes français ?

SARAH HEMAR

Le premier pays d’exportation française, tous genres confondus, c’est l’Allemagne. La zone Europe reste très forte. Les États-Unis demeurent le premier marché d’exportation de l’animation française. La Chine est aussi très friande d’animation française pour sa grande diversité. Avec la masse d’audience et de diffuseurs chinois, il y a un besoin de différenciation que l’animation française peut combler.

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L’animation représente près de 40% des exportations, soit 69 M€ de ventes en 2018. Par quelles licences le genre est-il porté ?

SARAH HEMAR

Nous avons des licences très installées qui continuent à prouver leur succès comme «Oggy et les cafards», présent sur le marché depuis 20 ans. Il y a aussi des licences nouvelles, comme tous les ans, qui font des percées très fortes et rapides. Il y a un renouveau de la créativité avec de beaux succès comme «Molang» en Chine qui est diffusé par CCTV.

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Pendant des années, la fiction franco-française s’exportait difficilement. Aujourd’hui, tout a changé ?

SARAH HEMAR

La fiction française est devenue le deuxième genre le plus exporté après l’animation avec 55 M€ de ventes. La fiction a su faire sa révolution depuis une dizaine d’années. Les producteurs, aidés par des exportateurs ont pu apporter leur savoir-faire pour adapter les formats. Que ce soit par la variété de genres, de sujets, de formats, du nombre d’épisodes, il y a un catalogue beaucoup plus adapté aux différentes demandes mondiales.

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Le documentaire reste-t-il à la marge ?

SARAH HEMAR

Le documentaire est un genre stable et solide. Cela fait six ans qu’il est autour des 30 M€. C’est un genre dynamique car il est produit avec expertise en France. A l’international, les séries documentaires fonctionnent bien. C’est un bon filon à exploiter.

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Quelles sont les attentes des producteurs / distributeurs ?

SARAH HEMAR

Ces derniers sont très satisfaits de l’augmentation des opportunités et du volume de contenants à remplir. L’expertise du métier devient aussi de plus en plus sophistiquée. L’un des défis sera d’apporter cette expertise le plus en amont possible sur des projets, d’abord financièrement pour faire en sorte que les œuvres produites soient complètement adaptées au marché international. Concernant les exportations, nous avons un tissu économique varié avec des gens engagés qui ont à cœur de faire leur métier avec une concurrence loyale.