S. SITBON-GOMEZ (France Télévisions) : « Le 20h est notre plus grand défi cette saison »

À l’heure des défis budgétaires, de la montée des plateformes et d’une concurrence accrue sur l’info et le divertissement, Stéphane Sitbon-Gomez, directeur des antennes et des programmes de France Télévisions, détaille les choix stratégiques de la rentrée : le maintien des jeux en prime, l’adaptation de «Télématin», le pari de «GPExplorer», l’accord avec Prime Video… et la volonté de préserver l’offre tout en innovant.

MEDIA +

Quel a été votre plus grand défi pour cette rentrée ?

STÉPHANE SITBON-GOMEZ

Le plus grand challenge cette saison, c’est clairement le 20h, l’arrivée de Léa Salamé, et plus largement la place de l’information. Le 20h, mais aussi les matinales, sont des enjeux éditoriaux majeurs. Nous faisons face à une concurrence forte de TF1 avec des offres puissantes. Mais notre rédaction est très mobilisée, combative, et je me réjouis de cette énergie.

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Et côté budget, comment avez-vous traversé cette période ?

STÉPHANE SITBON-GOMEZ

Le défi a été de taille. Nous avons traversé la plus importante cure d’austérité sur les programmes de l’histoire de France Télévisions. J’espère que cela restera bientôt un lointain souvenir.

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Quels types de programmes ont été les plus impactés ?

STÉPHANE SITBON-GOMEZ

Certains programmes de flux ont été impactés. Je tiens d’ailleurs à remercier tous les producteurs, les animateurs, qu’ils soient issus de grands groupes ou producteurs indépendants. Certains avaient de la visibilité sur plusieurs saisons, et nous avons été contraints de revenir sur notre parole, ce qui n’est jamais facile. Tout le monde a joué le jeu des 5% d’économies, tout le monde a travaillé pour maintenir les antennes sans trop abîmer les programmes. Chacun s’est re-questionné. C’est difficile, cela laisse des traces sur les émissions, mais nous faisons tout pour préserver l’offre.

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Le mercato de cette saison a été perçu comme particulièrement virulent. Quelle est votre lecture ?

STÉPHANE SITBON-GOMEZ

En réalité, ce mercato est arrivé tard dans la saison, car nous avons attendu le renouvellement de la présidence. Nous sommes véritablement entrés dans le mercato le 20 mai. C’est donc un mercato qui a été très court, très ramassé : six semaines pour construire des grilles qui doivent tenir une saison entière, c’est un exercice difficile. Je ne le qualifierais pas de «virulent». Nous avons cherché à travailler avec chacun, dans nos contraintes, pour redonner une place et une voix à tous, sauver des créations, lancer de nouveaux formats et innover. Évidemment, on ne fait pas que des heureux dans ces moments-là, c’est la réalité de la télévision.

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La concurrence s’intensifie sur les matinales, notamment avec TF1. La reconfiguration de «Télématin» est-elle une réponse directe ?

STÉPHANE SITBON-GOMEZ

Nous devons effectivement prendre en compte la concurrence de «Bonjour !» sur TF1 qui s’est imposée. Mais nous n’avons pas dit notre dernier mot. «Télématin» est le rendez-vous historique des Français le matin, et nous comptons bien le rester. À la présentation désormais : Maya Lauqué et Damien Thévenot en semaine, Mélanie Taravant et Samuel Ollivier le week-end. Il y a quelques années, on disait que la grande concurrence viendrait des matinales des chaînes info, avec la crainte que la matinale de BFMTV passe devant France 2. Quand nous avons lancé la refonte de «Télématin» avec Thomas Sotto en 2021, c’était aussi pour répondre à cette peur. Finalement, nous avons rapidement reconquis des parts de marché, et je pense que nous allons continuer dans cette dynamique.

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Vous lancez «Bel et bien, ensemble» une nouvelle quotidienne sur France 2 avec Agathe Lecaron. Pourquoi ce choix ?

STÉPHANE SITBON-GOMEZ

Au vu du succès d’Agathe et de son envie d’évoluer, nous voulions lui offrir une émission à 9h30 sur France 2 qui lui ressemble, et que nous avons bâtie autour d’elle. De fait, nous repositionnons «La Maison des Maternelles» en Access sur France 4, avec Marie Portolano aux commandes, pour toucher toutes les familles et rappeler que la parentalité est un sujet qui concerne tout le monde.

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Vous relancez également le midi de France 3 avec Flavie Flament…

STÉPHANE SITBON-GOMEZ

Cette case du midi sur France 3 était déjà occupée par les régions. Nous avons travaillé avec elles pour proposer aujourd’hui une case plus unifiée, incarnée, et c’est dans ce cadre que nous avons choisi de faire appel à Flavie Flament.

MEDIA +

Le jeu reste un pilier du divertissement, notamment avec le lancement prochain d’« Intuition » avec Cyrill Feraud. Cela reste une vraie tendance ?

STÉPHANE SITBON-GOMEZ

Oui, nous avons fait le choix de maintenir des jeux en Prime, car nous avons été les premiers à investir ce territoire. Nous sommes beaucoup copiés, mais jamais égalés. Nous savons toutefois qu’il faut continuer à innover et proposer de nouveaux formats pour rester compétitifs dans ce contexte de concurrence. En revanche, nous réduisons les jeux en journée, comme le montre la décision difficile d’arrêter «Questions pour un champion» en quotidienne. C’est un crève-cœur, mais cela fait partie de l’évolution, en installant le jeu sur d’autres créneaux.

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Toucher les jeunes, c’est aussi un objectif ?

STÉPHANE SITBON-GOMEZ

Absolument. L’acquisition du «GPExplorer» s’inscrit dans cette logique. Nous discutions depuis plusieurs années pour l’obtenir en exclusivité, et je suis ravi de l’accueillir sur France Télévisions.

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Vous avez signé un accord avec Prime Video. Pourquoi était-ce important aujourd’hui ?

STÉPHANE SITBON-GOMEZ

Rien n’est une évidence dans notre environnement, qui évolue sans cesse. La distribution de la télévision change en permanence, et cet accord avec Prime Video est un pari : celui que France Télévisions peut s’adapter à tous les environnements et conquérir de nouveaux publics, même sur des plateformes.