Stéphane BEDIN (Ficam) : «Le taux de délocalisation des fictions est de 5% en France»

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Stéphane BEDIN, Délégué Général Adjoint de la Ficam

En dépit de l’intérêt des chaînes pour la fiction française, le volume de production de fiction télévisée est au plus bas, selon le baromètre de la Ficam (Fédération des industries du Cinéma, de l’Audiovisuel et du Multimédia). Les détails avec Stéphane BEDIN, Délégué Général Adjoint de la Ficam.

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Face à l’appétence de plus en plus prononcée des chaînes pour la fiction française, le volume de production de fiction télévisée est tombé en 2015 à un niveau historiquement bas. Cette situation est-elle paradoxale ?

Stéphane BEDIN

Totalement ! Le nombre de semaines de tournage (1.138) a baissé de 14%, soit le niveau le plus faible depuis huit ans. Après, il faut bien distinguer la diffusion et la mise en production. Quelques séries phares qui ont été mises en avant cette année, sont le résultat de ce qui s’est passé en 2014. Concernant le volume de fiction historiquement bas, il faut relativiser. Ce recul est surtout lié à la chute de 44% des formats de moins de 26’ en Access Prime Time. Le nombre de semaines de tournage de ce format est de 91 semaines contre 107 en 2014. Ce format est en baisse constante depuis 2012. La ligne éditoriale des chaînes change à ce niveau. M6 par exemple se tourne davantage vers des séries de 52’. Justement, les séries lourdes de 90 et 52’ sont légèrement baissières, ce qui témoigne d’une rétractation de la durée moyenne de tournage. On peut espérer qu’en 2016, additionné aux nouveaux crédits d’impôt, nous ayons une production globale plus importante que cette année.

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Avec le renforcement du crédit d’impôt, la filière audiovisuelle peut-elle être optimiste ?

Stéphane BEDIN

Cela incite en effet à l’optimisme. Au niveau conjoncturel, la confiance revient dans le montage financier des projets. Il y a pas mal de sollicitations auprès d’organismes comme le CNC. C’est le début d’un processus nouveau, même si nous ne sommes pas encore au niveau des volumes de production générés par l’Allemagne et la Grande-Bretagne.

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Le volume horaire de la fiction Hexagonale est-il très en deçà de nos voisins européens ?

Stéphane BEDIN

En France, le volume horaire annuel de fiction est d’environ 700 heures contre 1.300 au Royaume-Uni et 2.000 heures en Allemagne. Il y a donc une marge de manœuvre importante et un retard à combler.

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Sur le volume horaire, quelles sont les chaînes qui tirent leur épingle du jeu ?

Stéphane BEDIN

France Télévisions, qui représente 47% du volume horaire global, voit son volume horaire baisser de 20% sur la période en dépit des nouvelles saisons de «Chérif», «Nina» ou l’arrivée de séries comme «Lebowitz contre Lebowitz» et «Malaterra» pour France 2.  Canal+ connaît une légère baisse de son volume horaire comparé à 2014 (-4%). Ses séries de 52’ se poursuivent – comme «Tunnel» saison 2 – et d’autres vont être lancées. Enfin, TF1 voit son volume horaire augmenter de 13% entre 2014 et 2015 tandis que M6 connaît une baisse de 39% lié au retrait du format court sur la période.

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Le taux de délocalisation en France va-t-il poursuivre sa baisse ?

Stéphane BEDIN

On peut se féliciter du faible taux de délocalisation en France qui est cette année à 5%, soit le plus bas niveau depuis huit ans. Avec les nouveaux crédits d’impôt qui sont opérationnels depuis le 1er janvier 2016, nous devrions continuer sur cette tendance.