Stéphane de Groodt: le comédien belge réputé pour son humour et sa maîtrise des jeux de mots

«L’absurde, c’est tout sauf n’importe quoi. C’est une manière de voir la réalité autrement»: Stéphane de Groodt, l’un des spécialistes du genre depuis ses débuts il y a vingt ans, partage avec Valérie Bonneton l’affiche d’une pièce sur mesure: «Qui est Mr Schmitt?». Réputé pour son humour et sa maîtrise des jeux de mots, le comédien belge, parmi les principaux rôles de «Big Bug», le dernier film de Jean-Pierre Jeunet pour Netflix, a été lauréat en 2014 du Prix Raymond-Devos qui distingue les talents d’écriture et d’interprétation s’inscrivant dans la postérité du grand humoriste.
Formé à la ligue d’improvisation qui lui «a donné l’esprit de répartie», après avoir été pilote automobile (vice-champion du Benelux en 2001), Stéphane de Groodt a été révélé au grand public en 2002 par la série «File dans ta chambre» diffusée sur Canal+ Belgique puis France 2. Son personnage de père inventant des réponses rocambolesques aux questions de son jeune fils lui permet de laisser libre cours à son ton décalé et lunaire.
Parallèlement, il s’est imposé au cinéma et à la télévision avec des seconds rôles marquants («Mauvais genre» de Francis Girod, «Barbecue» d’Eric Lavaine, «Une Heure de tranquillité» de Patrice Leconte…). Canal+ l’a également enrôlé pour des chroniques où il met en scène des rencontres post-mortem avec des célébrités, aux confins de l’absurde, qui lui assureront un succès de librairie avec les 350.000 exemplaires de «Voyages en absurdie». En 2020, il a réitéré avec «L’Ivre de mots», nouvelle récolte de «pensées fugaces». Sur la scène du théâtre Edouard VII à Paris, Stéphane de Groodt campe depuis la fin janvier un homme victime d’un étrange changement d’identité.
Dans «Qui est Monsieur Schmitt?», pièce écrite par Sébastien Thiéry, un couple dîne tranquillement lorsque le téléphone sonne. Au bout du fil, l’interlocuteur souhaite parler à Mr Schmitt. Problèmes de taille: le couple n’a pas le téléphone et ils ne connaissent aucun Schmitt… Le spectateur est très vite happé par cette tragi-comédie sur la persuasion et la manipulation.
«Je me suis projeté immédiatement dans cette histoire. Au-delà de l’absurde, la pièce ramène à un certaine réalité, en posant des questions sur ce qu’on est et ce qu’on devient dans le regard de l’autre», confie Stéphane de Groodt, bientôt 56 ans. «Je ne pense pas que j’aurais pu jouer ça il y a dix ans. J’ai acquis une certaine liberté qui me permet de m’abandonner et de me perdre au destin de ce personnage. Certains soirs, confronté à l’absurde de la situation, je suis très ému», confie le comédien.
«Sans ma partenaire principale, Valérie Bonneton, et sa personnalité pleine de fantaisie, je ne pourrai pas jouer les affres de Mr Schmitt. C’est l’une des rares pièces à offrir deux vrais premiers rôles», ajoute Stéphane de Groodt. «Mr Schmitt, c’est vous, c’est moi… A un moment, il se perd. Plus je joue cette pièce, plus je découvre les interlignes dans la tête de l’auteur». Le comédien se lancera bientôt dans la réalisation d’un premier long métrage, après l’écriture d’une autre pièce programmée pour la rentrée: «une discussion philosophique façon mise en abîme sur le temps qui passe entre deux couples d’amis».