Streaming musical: la pépite française Believe veut entrer en Bourse

374

La pépite française Believe (1.500 employés dans le monde) qui aide les musiciens et les labels à s’imposer sur le nouveau marché du streaming musical, va s’introduire à la Bourse de Paris, en quête de capitaux pour financer une ambition mondiale. L’entreprise fondée en 2005 par Denis Ladegaillerie et toujours pilotée par celui-ci veut lever 500 millions d’euros sur le marché boursier. Elle veut poursuivre sa croissance, accélérée ces dernières années par l’explosion des plateformes de streaming musical (Spotify, Deezer, Apple Music…) et des réseaux sociaux, qui jouent désormais un rôle clef pour les artistes dans la diffusion de leurs oeuvres. Believe est présente auprès des artistes et labels dans 50 pays, et réalise déjà plus de 80% de son chiffre d’affaires à l’étranger. Elle propose toute une gamme de services technologiques et marketing pour aider les musiciens à conquérir et conserver une audience en ligne, de l’inconnu qui veut que sa chanson soit accessible via les plateformes de streaming (9,99 euros par an pour une chanson) à la star qui a besoin de services personnalisés pour mieux fabriquer et diffuser ses contenus audio ou vidéo. Parmi les faits d’armes de Believe, sa contribution au succès de Jul, un artiste que Believe a signé très tôt et qui sur les 10 dernières années est le co-recordman des ventes de musique en France avec Johnny Hallyday, selon Denis Ladegaillerie.Dans l’univers français, Believe a aussi signé avec le rappeur Landy ou le chanteur Vianney – et avec Petit Biscuit, dont le morceau «Sunset Lover» est devenu un succès mondial, compagnon indispensable des vidéos de couchers de soleil diffusée par les internautes sur les réseaux sociaux. La musique «est en train de changer de monde», a expliqué à la presse Denis Ladégaillerie. «On est en train de passer d’un monde de copyright, de contrôle des artistes par la maison de disque à un monde partenarial, où la clef est d’apporter dans le long terme des solutions à des artistes de manière beaucoup plus flexible, transparente et avec des termes économiques plus favorables aux artistes». L’important aujourd’hui pour faire grandir l’audience d’un artiste «n’est plus le partenariat avec des chaînes de télévision clef: ce qui compte, c’est comment est ce qu’on comprend les algorithmes de Spotify, les algorithmes de Tik Tok», a-t-il expliqué. «Nous ne sommes plus sur un marché (musical) concentré sur quelques centaines d’artistes qui capturent l’essentiel de la valeur», explique-t-il également.Avec l’argent qu’elle projette de lever en Bourse, Believe veut généraliser dans un maximum de pays dans le monde un modèle technologique et commercial qui lui a déjà permis d’afficher une forte croissance ces dernières années, malgré un léger ralentissement en 2020, du fait du confinement planétaire qui a freiné les recettes publicitaires sur les grandes plateformes de streaming. Ses recettes ont augmenté de 12% en 2020 à 441,4 millions d’euros, contre +65% l’exercice précédent (et + 26% au premier trimestre 2021). Elles ont été réalisées à 18% en France, 22% en Allemagne, 28% dans le reste de l’Europe, 14% en Amérique et 18% en Asie/Océanie/Afrique. Le groupe affiche une croissance «rentable» ces dernières années, même si le coup de froid commercial de 2020 a occasionné une perte nette de 26,3 millions d’euros la même année,  après un bénéfice de 4,6 millions d’euros en 2019. Dans la mythologie des start-up tech, l’introduction en Bourse avec une valorisation élevée – celle de Believe pourrait atteindre les 2 milliards – est la consécration suprême, qui a encore très peu d’illustrations en France. Elle constituera en tout cas une bonne nouvelle pour le gouvernement, soucieux de pouvoir montrer que sa grande attention à l’égard des start-up donne des fruits sur le plan économique.