Trois questions à… Albino Pedroia, Directeur exécutif de IT Média (Italie)

    Lundi avait lieu la rentrée du Médiaclub. Pour la première table ronde de la saison, le débat est posé sur le marché audiovisuel en Italie. L’occasion pour Albino Pedroia, Directeur exécutif de IT Media de nous éclairer sur les enjeux du paysage audiovisuel italien.

    média+ : Pouvez-vous nous présenter le marché audiovisuel italien ?

    Albino Pedroia : Le marché italien a une place singulière dans le paysage audiovisuel européen. Le marché de l’audiovisuel italien est doté de moyens conséquents et est donc souvent pionnier dans les innovations sur les autres pays européens. Par exemple, ce fut le premier pays à privatiser la télévision ou encore le premier à lancer la IP TV. Ceci étant dit, aujourd’hui, sur le plan technologique, l’Italie est un peu dépassée, obsolète. Tout cela dans un environnement juridique assez flou et particulièrement changeant. Le marché en 2007 vaut 8 milliards d’euros selon Agecom, l’équivalent du CSA, et de l’Arcep en France. Et d’ailleurs, pour la première fois, le marché de la publicité est passé en dessous de la barre des 50% des recettes. Le marché audiovisuel dépend donc en grande majorité de ce mode de financement sachant que l’analogique représente 95% de ces revenus. En tout, il y a 12 chaînes nationales, dont 3 publiques, et 600 locales, 30 chaînes sur la TNT dont 18 à péages.

    média+ : La concurrence est-elle forte?

    Albino Pedroia : La concurrence se limite souvent au duo pôle Mediaset (40,5% de pda) / R.A.I (41,8% de pda) dans l’offre en clair. Ils concrétisent à eux deux 82% des audiences. A côté de ces deux géants, Télécom Italia, avec son activité broadcast, et quelques autres acteurs mineurs occupent une part de marché marginale. Quant à l’offre de télévision à péage, SKY ITALIA, filiale du groupe NewsCorp, a atteint une dimension significative et s’affirme désormais comme le troisième pôle audiovisuel. Néanmoins les deux grands accusent depuis 7 ans une baisse de 10%.

    média+ : Quel est la place de la TNT en Italie ?

    Albino Pedroia : Le marché de la TNT bouge. En Italie, nous disposons de 8 multiplexes pour la TNT plus 2 pour la TMP (installée depuis deux ans en Italie. Un est privé, l’autre appartient à Silvio Berlusconi…). Aujourd’hui, 70% de la population est couverte. Les audiences sont d’environ 6%. Dix chaînes viennent de l’analogique, 20 sont nouvelles. Il y a aussi de la radio. En tout, ce sont plus de 6 millions de terminaux. Pour les chaînes à péages de la TNT il existe un système que la France n’a pas. En effet, en achetant une carte à introduire dans son décodeur (telles que celles existantes pour les mobiles), vous avez accès aux chaînes payantes. Au lieu de payer un forfait pour s’abonner à une offre, j’achète cette carte qu’il suffit de consommer selon sa volonté: je ne regarde pas ces chaînes, elle n’est pas débitée. Ce système marche très bien en Italie car il y a déjà une population qui est initiée à ce mode de paiement avec leurs téléphones mobiles. C’est un marché vraiment différent de ceux du câble et des satellites. Une nouvelle loi oblige les opérateurs de TNT, qui ont par ailleurs plus de deux chaînes analogiques nationales, à mettre à disposition de tiers (chaînes nationales) 40% de leurs capacités de diffusion sur ce support. Sur les 26 candidats, 17 chaînes ont été autorisées à venir sur ce marché de la TNT. Aucune n’est française puisqu’aucune ne s’est présentée.