Dénonçant une main-mise politique, des journalistes de la télévision publique en Espagne manifestent un malaise qui s’accroît à quelques mois d’importants rendez-vous électoraux en 2015. Des dizaines de journalistes de la télévision publique nationale TVE se sont rassemblés vendredi pour un sit-in improvisé devant le bureau du nouveau chef de l’information, José Antonio Alvarez Gundin, fraîchement arrivé du journal de droite La Razon, pour protester contre le remaniement de l’équipe à la tête du Journal télévisé (JT) qu’il venait d’annoncer. Disant craindre «que ces changements puissent masquer l’intention d’imposer un contrôle encore plus grand sur l’information», la Société des rédacteurs (Consejo de Informativos) estime que la nouvelle direction, en écartant certains cadres, «casse la colonne vertébrale des journaux télévisés». Les deux principaux syndicats espagnols ont été plus virulents encore. Commissions Ouvrières (CCOO) voit derrière ces remplacements «l’intention claire d’exercer un contrôle plus grand et de manipuler l’information» tandis qu’ut dénonce la «prise en otage des JT de TVE». Ce syndicat considère que la nomination de José Antonio Alvarez Gundin a été imposée par le Parti populaire» (PP, droite), au pouvoir en Espagne depuis décembre 2011. Selon UGT, la nouvelle direction aurait «une peur panique que nos professionnels puissent agir comme tels et pas comme des marionnettes à l’approche de plusieurs rendez-vous électoraux» en 2015, année où les Espagnols doivent notamment élire leurs maires et renouveler l’assemblée. Contacté, le groupe de radios et télévisions publiques espagnoles (RTVE) n’a pas souhaité réagir, soulignant toutefois que les chefs de rubrique nommés par M. Gundin sont tous des journalistes liés depuis longtemps à la maison. Le malaise n’est pas nouveau. Il gronde depuis avril 2012, lorsque le PP a modifié une loi exigeant les voix de deux-tiers des députés pour nommer le président de RTVE. Une simple majorité suffit désormais au deuxième tour.
