Ukraine: l’opérateur de satellites OneWeb suspend les lancements depuis Baïkonour

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L’opérateur de satellites OneWeb, basé à Londres, a annoncé jeudi suspendre ses lancements de satellites depuis le cosmodrome russe de Baïkonour, alors que Moscou demandait au gouvernement britannique de renoncer à sa participation dans l’entreprise, exigence rejetée par Londres. «Le Conseil d’administration de OneWeb a voté la suspension de tous les lancements depuis Baïkonour», a indiqué l’entreprise dans un communiqué.
Une fusée Soyouz, opérée par OneWeb et Arianespace, devait décoller samedi de Baïkonour au Kazakhstan avec 36 satellites.
«Le gouvernement britannique soutient la décision de OneWeb», a immédiatement réagi le ministre britannique des Entreprises, Kwasi Kwarteng sur Twitter, ajoutant qu’après «l’invasion illégale et sans provocation de la Russie en Ukraine, nous examinons notre participation dans tous les projets impliquant une collaboration russe».
Le gouvernement britannique et le conglomérat indien Bharti Global avaient repris en 2020 OneWeb, alors en faillite, rejoints en 2021 par l’opérateur européen Eutelsat. L’entreprise s’affiche comme concurrent de la constellation Starlink lancée par l’américain SpaceX du milliardaire Elon Musk. Les satellites qui devaient être lancés ce week-end devaient rejoindre les 428 déjà en orbite formant une «constellation» visant à offrir un Internet haut débit partout dans le monde, qui devait être opérationnel à l’origine fin 2022. L’agence russe Roscosmos, qui contrôle le cosmodrome de Baïkonour, avait lancé un ultimatum à Londres après la prise de sanctions financières massives contre Moscou, en représailles à l’attaque contre l’Ukraine.
«Etant donné l’attitude hostile de la Grande-Bretagne à l’égard de la Russie, l’une des autres conditions à l’envoi des appareils le 5 mars est que le gouvernement britannique ne soit plus actionnaire de OneWeb», avait indiqué Roscosmos. «Il n’y a pas de négociation sur OneWeb : le gouvernement britannique ne vend pas sa part», avait répondu mercredi le ministre britannique des Entreprises Kwasi Kwarteng.
«Nous sommes en contact avec d’autres actionnaires pour discuter des prochaines étapes…» Moscou exigeait aussi «des garanties juridiques contraignantes pour que OneWeb n’utilise pas ces satellites à des fins militaires et ne propose pas ces services à des structures militaires», assurant que OneWeb n’avait pas d’autre moyen «à court terme» d’envoyer ses satellites dans l’espace, hormis l’emploi de fusées Soyouz.
En vertu d’un contrat avec Arianespace confirmé en septembre 2020, 16 tirs de Soyouz étaient prévus entre décembre 2020 et fin 2022 pour achever le réseau qui doit atteindre 648 satellites pour fonctionner.
Roscosmos avait par ailleurs annoncé samedi suspendre ses lancements spatiaux depuis la base spatiale de Kourou en Guyane. Le CNES, l’Agence spatiale française, a annoncé mercredi un départ «rapide, sûr et encadré» des Russes présents sur la base.