Vincent Bolloré, retraité le 17 février?

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Vincent Bolloré, retraité le 17 février? La date, jour du bicentenaire de l’entreprise familiale, devait marquer le retrait des affaires de l’industriel et magnat des médias mais celui-ci semble désormais très hypothétique, tant les dossiers à régler sont encore nombreux. «Aujourd’hui, je finis de laisser ma place de conseiller, après avoir été dirigeant jusqu’il y a trois ans. Ma famille a accepté de poursuivre cette saga industrielle. Elle va représenter la 7ème génération», relatait le 19 janvier Vincent Bolloré dans le cadre d’une commission d’enquête sénatoriale sur la concentration des médias. «Je laisserai ma place (…) lorsque nous fêterons le bicentenaire du groupe», ajoutait le milliardaire, 70 ans en avril, à la tête d’un empire avec un pied dans l’industrie (groupe Bolloré dans le transport et la logistique) et l’autre dans les médias (Vivendi). Or, le bicentenaire sera finalement fêté à deux reprises: la 1ère fois jeudi à Ergué-Gabéric, près de Quimper, où est implanté le siège social de l’entreprise, la Compagnie de l’Odet, puis en juillet, en grande pompe avec plusieurs centaines de personnes. Mais la perspective de la passation de pouvoir semble s’éloigner à mesure que l’échéance s’approche: elle sera «reportée» en raison de plusieurs dossiers importants à gérer, affirmait la semaine dernière BFM Business. Un fin connaisseur de l’univers Bolloré rappelle pour sa part que l’homme d’affaires «a bien engagé un processus de transfert des responsabilités» à ses enfants, «qui est en grande partie réalisé mais pas totalement». Son fils Yannick, âgé de 42 ans, PDG de Havas depuis 2013, est devenu président du conseil de surveillance de Vivendi en 2018, tandis que son frère cadet Cyrille, 36 ans, a pris les rênes du groupe Bolloré en mars 2019. »Il est impossible de savoir quand il décidera de réaliser complètement (son retrait). De toute façon, même s’il le réalise, il gardera toujours la tour de contrôle de la Compagnie de l’Odet» qu’il préside, croit savoir cette même source.Cette holding, pilotée par le seul milliardaire, est à la tête de l’empire Bolloré, façonné en quarante ans à coups d’acquisitions et qui totalise désormais environ 80.000 salariés et 24 milliards d’euros de revenus.Vincent Bolloré aime à rappeler qu’au début des années 1980, quand il s’est attelé au redressement de la papeterie familiale alors en difficulté, celle-ci «employait un peu moins de 800 personnes» pour un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros. Depuis, elle s’est développée dans les médias – parfois au prix de remaniements brutaux -, entre audiovisuel (groupe Canal+ et ses chaînes C8 et CNews ou la radio Europe 1), presse (Prisma Media, premier groupe de magazines en France, le «JDD», «Paris-Match», Prisa en Espagne), publicité/communication (Havas), édition (Editis) ou télécoms (Telecom Italia).Face aux sénateurs, Vincent Bolloré a nié tout objectif politique dans sa stratégie d’acquisitions dans les médias, tandis que ses détracteurs dénoncent notamment une chaîne d’information CNews qui serait devenue la porte-voix de ses opinions conservatrices. «Il n’a pas de titre mais on sait qu’il influence les grandes décisions stratégiques», souligne une source proche, pour qui l’homme d’affaires tiendra ce rôle de conseiller informel du groupe «pendant un temps indéfini» qui dépendra de «l’évolution des problèmes». Plusieurs dossiers brûlants restent à boucler: acquérir la totalité du capital du groupe Lagardère – une opération dont le début est attendu d’ici début mars -, empêcher le fonds d’investissement américain KKR de prendre pied dans Telecom Italia – dont Vivendi est 1er actionnaire – et convaincre le gouvernement espagnol de laisser Vivendi prendre près de 30% du capital du groupe de médias Prisa, propriétaire notamment du quotidien El Pais, contre 9,9% actuellement.Sans compter la cession planifiée de la branche logistique du groupe en Afrique, minée par plusieurs poursuites judiciaires, qu’il entend mener à bien.