25 ans après leur apparition, les Pokémon continuent à séduire petits et grands

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Vingt-cinq ans après leur apparition, les Pokémon continuent à séduire petits et grands: le phénomène lié aux jeux vidéo et dessins animés mettant en scène les adorables monstres japonais ne montre aucun signe de fatigue. L’année 2020, marquée par la pandémie et qui a dopé la demande pour les jeux vidéo dans le monde entier, a d’ailleurs été la plus lucrative à ce jour pour Pokémon Go, l’adaptation sur smartphones disponible depuis 2016. «Les personnages eux-mêmes sont si attachants, et les mécaniques des différents jeux si bien exécutées que (le phénomène, NDLR) est intemporel», estime Brian Ashcraft, auteur spécialiste de la pop culture japonaise. Dan Ryan, 29 ans, employé dans la finance à Londres, est fan depuis son enfance, et n’hésite pas à afficher sa passion, qui l’amène parfois à se grimer en Pikachu, le célèbre Pokémon jaune. «Mes collègues savent que tous les jeudis je disparais pour aller jouer aux cartes Pokémon», raconte-t-il.Il reconnaît «dépenser trop» pour acquérir des cartes rares, dont les prix ont encore augmenté depuis le début de la pandémie, l’une d’elles s’étant récemment vendue en ligne pour plus de 400.000 euros. Inspiré par la passion des enfants japonais pour la traque et la collection d’insectes, Pokémon est apparu pour la première fois en 1996 sous la forme d’un jeu vidéo pour Game Boy. Son principe est simple: «attrapez-les tous», comme le rappelle la chanson française du dessin animé lancé peu après, à l’aide des «Poké Balls». Le bestiaire de ces «monstres de poche» (Pokémon est la contraction de «pocket monsters»), déjà riche de centaines de créatures inspirées par des animaux ou par la mythologie, ne cesse de s’agrandir. Le phénomène, décliné en d’innombrables objets, peluches ou adaptations cinématographiques, a déjà permis la vente de plus de 368 millions de jeux vidéo et 30 milliards de cartes, selon la Pokémon Company, détenue en partie par Nintendo. Atsuko Nishida, qui a dessiné le personnage de la souris électrique Pikachu, a raconté avoir été inspirée par une pâtisserie japonaise à base de riz gluant, et ses collègues, séduits, l’ont incitée à rendre le personnage encore plus adorable. «Je pensais qu’il serait sympa qu’il accumule de l’électricité dans ses joues. A l’époque, j’étais fascinée par les écureuils, qui stockent la nourriture» de cette manière, a-t-elle déclaré à un journal japonais. Le charme du vocabulaire limité de Pikachu, à base de syllabes de son propre nom comme «pika-pika» («étincelant», en japonais), a aussi contribué à l’adoption massive du personnage par les fans. Pour Jason Bainbridge, professeur à l’université de Canberra qui a abondamment écrit sur les Pokémon, l’imagerie proche de la nature du jeu et ses nombreux personnages sont des éléments-clé de son succès. Les Pokémon n’ont cependant pas complètement échappé aux controverses, par exemple avec un épisode du dessin animé accusé d’avoir provoqué des crises d’épilepsie au Japon dans les années 1990. Le magicien Uri Geller, qui a longtemps accusé Nintendo d’avoir abusé de son image à cause d’un Pokémon tordant une cuillère et au nom japonais très proche du sien, a finalement abandonné les poursuites récemment. Les célébrations du 25e anniversaire ont largement été mises sous cloche à cause de la pandémie. S’il continue à s’adapter à son temps, le phénomène pourrait sans problème durer 25 ans de plus, selon M. Bainbridge. Le jeu mobile Pokémon Go, qui a introduit des mécanismes de géolocalisation et de réalité augmentée, a ainsi «vraiment resuscité la franchise: on connaissait tous Pokémon, mais soudain on a tous eu envie d’y rejouer», explique-t-il.Malgré les divers accidents causés par des joueurs imprudents, les chasseurs de Pokémon sont encore nombreux dans les rues, notamment à Tokyo.