5G : les opérateurs télécoms français vont bientôt être fixés

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Les opérateurs télécoms français vont bientôt être fixés. Les enchères pour les très convoitées futures fréquences mobiles 5G vont enfin devenir une réalité, avec l’annonce attendue «dans les tout prochains jours» des conditions d’attribution par le gouvernement, selon des sources concordantes. L’objectif: attribuer la bande de fréquences dite des 3,5 GigaHertz (GHz), située plus haut sur le spectre radio que les fréquences utilisées jusqu’ici pour la téléphonie mobile. Elle permettra aux opérateurs d’absorber le trafic de données qui devrait exploser avec la 5G, censée accompagner des applications gourmandes en bande passante comme la réalité virtuelle et augmentée, la santé connectée ou encore les voitures autonomes. «L’enjeu côté opérateurs sera d’avoir la place nécessaire sur la bande de fréquences pour absorber le trafic mais aussi avoir ces fréquences au bon prix, étant donné le niveau d’investissement attendu ensuite», souligne Guillaume Vaquero, du cabinet Wavestone. Pour le gouvernement, cette attribution est avant tout une question d’équilibre: «il faut savoir où placer le curseur entre couverture rapide du territoire et rentrée budgétaire supplémentaire», rappelle une source proche du dossier. «Le sujet a fait l’objet d’intenses discussions au sein du gouvernement, entre les tenants de la couverture contre ceux qui pensent avant tout aux contraintes budgétaires». La dernière attribution de fréquences en date, pour la bande des 700MHz en 2016, avait rapporté 2,8 milliards d’euros, une somme qui avait permis au gouvernement socialiste de l’époque de faire face à des dépenses exceptionnelles du ministère de la Défense. «L’Etat avait priorisé l’attribution de ces fréquences à ce moment-là car il y avait des contraintes budgétaires, cela a cependant eu un impact sur les capacités d’investissement des opérateurs», rappelle le président de la Fédération française des télécoms (FFT), Arthur Dreyfuss. A l’inverse, durant l’été 2018, plusieurs fréquences avaient été réattribuées aux opérateurs sans repasser par des enchères, en échange de contraintes supplémentaires sur la couverture. Un «new deal mobile» salué alors par tous les acteurs, qui verraient d’un bon oeil une approche similaire du gouvernement cette année. «Ce sont 2 visions politiques au final: les fréquences sont du patrimoine public, il faut donc soit maximiser les revenus soit utiliser ce patrimoine pour faciliter le développement économique et l’aménagement du territoire», rappelle Sylvain Chevallier, du cabinet BearingPoint. Dès lors tout va être regardé de près: prix de réserve pour les blocs de fréquence, largeur minimale de ces mêmes blocs, autant d’éléments qui joueront autant sur le prix que sur la qualité de ce que pourront proposer les opérateurs. «La structuration des enchères entre les 4 opérateurs et les obligations qui y seront ajoutées vont faire le prix de ces fréquences», estime M. Chevallier. Ces derniers se montrent d’ailleurs particulièrement discrets. Non sans raison: la dernière fois que l’un d’entre eux a voulu faire pression sur le gouvernement à ce sujet, cela s’est terminé par une loi visant à assurer la sécurité des équipements de réseaux en augmentant les contrôles sur les fournisseurs. «La loi dite «Huawei», c’est la conséquence indirecte de discussions musclées entre un des opérateurs et le ministère de l’Economie au sujet du prix des futures fréquences 3,5GHz», assure ainsi la source, «les opérateurs ont compris le message et ne tentent plus de forcer la main». Le calendrier a dans tous les cas déjà pris du retard. Prévue pour la fin de l’année, l’attribution des fréquences devrait finalement se terminer en janvier 2020. Hors de question donc pour l’Etat de repousser encore le déploiement, alors que la course à la 5G est mondiale. «Dans les 1ers pays 5G, le déploiement avance peu et on ne voit pas de nouveaux services émerger», nuance Guillaume Vaquero.