À l’aube de sa 15ème saison en tant que producteur artistique de «Fort Boyard», Guillaume Ramain orchestre un retour aux sources avec une saison qui démarre le 5 juillet sur France 2.
MEDIA +
Avec une nouvelle saison baptisée «Fort Boyard : les Origines», vous opérez un retour assumé aux fondamentaux ?
Guillaume RAMAIN
«Fort Boyard», c’est une émission familiale, une Madeleine de Proust. Elle appartient un peu à tout le monde. Il y a une vraie transmission générationnelle : des parents qui la regardaient enfants la partagent aujourd’hui avec leurs enfants. Chaque génération s’est appropriée le programme. Ce retour aux sources se manifeste par des éléments très concrets : le Père Fouras retrouve sa mythique vigie, les énigmes traditionnelles reviennent, et nous introduisons des épreuves historiques. Dès le début de cette saison, on place la barre haut : le Fort est fermé, et un candidat doit escalader la façade pour rejoindre la vigie et répondre à une énigme. C’est spectaculaire, et en même temps très fidèle à l’esprit originel du jeu.
MEDIA +
Cette stratégie patrimoniale est-elle une réponse à la volatilité des audiences ?
Guillaume RAMAIN
Je ne pense pas que ce soit aussi calculé. C’est plutôt un besoin sincère de renouer avec ce qui fait l’essence du Fort. Chacun a ses souvenirs, ses épreuves préférées. Pour ma part, j’ai grandi avec le Fort des années 90 : pour moi, l’horloge de la chapelle est une épreuve culte. Pour d’autres, ce sera la Lutte dans la boue ou des personnages marquants. Ce qu’on a voulu faire cette année, c’est mettre en lumière cette diversité de souvenirs. Le Père Fouras réunit ce qu’il appelle le «Cercle des Anciens» : Passe-Partout, Félindra… Et chaque semaine, ils auditionnent d’anciens personnages. Par exemple, nous faisons revenir Lumineuse, qui était là au début des années 2000, interprétée par son actrice originale. Même les enfants du Fort, apparus dans la cage il y a une dizaine d’années, reviennent… Ils ont 20 ans aujourd’hui !
MEDIA +
La direction artistique semble prendre de plus en plus d’importance, avec une ambition visuelle accrue. Comment préparez-vous une saison ?
Guillaume RAMAIN
La conception d’une saison débute entre novembre et décembre, en petit comité. Nous réfléchissons alors aux nouvelles épreuves à imaginer, ainsi qu’à celles que nous pourrions revisiter. Pour nourrir notre réflexion, nous consultons les forums de fans, nous analysons leurs envies, et nous nous inspirons aussi de vidéos en ligne ou de tendances sportives émergentes. Une fois les premières idées posées, nous faisons appel à un scénographe afin d’évaluer leur faisabilité dans les cellules du Fort, dont la superficie varie entre 20 et 30 m². L’espace est restreint : il faut y faire entrer les décors, les caméras, les techniciens et les candidats. À cela s’ajoutent des contraintes logistiques : tout doit pouvoir passer par les portes du Fort et tenir à bord des bateaux qui assurent l’acheminement du matériel. Nous construisons ensuite des prototypes à Paris, avant d’ouvrir le Fort à la mi-mars pour démarrer les travaux de montage. Au total, le Fort compte une trentaine de cellules. Chaque saison, nous en renouvelons entre 5 et 7.
MEDIA +
Quelles sont les contraintes techniques majeures cette saison ?
Guillaume RAMAIN
Tout est complexe car le Fort est un monument historique. Aucun mur ne peut être déplacé, toutes les structures sont porteuses. Les décors doivent passer par des portes étroites, être montés sur place. Il y a aussi les contraintes météo : les jeux aériens dépendent du vent, les jeux en mer des marées. Parfois, on a prévu une séquence et on doit tout annuler la veille à cause d’une rafale. Il faut aussi prévoir les déplacements en bateau, sécuriser chaque débarquement… C’est une vraie logistique.
MEDIA +
Cette saison marque aussi la dernière d’Olivier Minne après plus de 20 ans à la présentation. Comment avez-vous vécu cette transition ?
Guillaume RAMAIN
Avec beaucoup d’émotion. Personnellement, j’ai fait 15 saisons avec Olivier sur ses 23, donc forcément, c’est un lien fort. Cette saison, nous n’étions pas dans l’anticipation du futur. Nous étions dans le moment présent, à profiter pleinement de chaque tournage. Olivier a été particulièrement bon, drôle, touchant. On lui a réservé quelques surprises… Il était heureux d’être là, de partager cette dernière aventure avec l’équipe. Le chantier du remplacement viendra, mais pour l’instant, on célèbre cette fin de cycle. «Fort Boyard» est plus grand que chacun d’entre nous. C’est un monument de télévision. Il y a eu, et il y aura encore, d’autres animateurs, producteurs, personnages. Le concept est plus fort que tout.
MEDIA +
Un mot sur le montage ?
Guillaume RAMAIN
Un épisode nécessite environ 20 jours de post-production. Ce n’est pas tant pour couper, mais pour enrichir le contenu: rajouter de la musique, des bruitages, des plans de coupe, des animations. C’est une étape essentielle pour donner au programme son énergie. Musicalement, on reste fidèles au thème culte de Paul Koulak. C’est un pilier. Mais on aime aussi le faire évoluer : nouvelles orchestrations, versions alternatives, jingles spécifiques. Je suis très attaché à cette dimension cinématographique. Comme dans un «Spider-Man» ou un «James Bond», il faut que le thème reste reconnaissable, identifiable. C’est une marque.
LES DIRIGEANTS
F. LUSSATO
Président
COORDONNEES
23 Rue Linois
75015 Paris
DATE DE CREATION
1972
PRODUCTIONS
«Fort Boyard», «Koh Lanta», «Cleaners, les experts du ménage»…