A l’occasion d’une conférence de presse organisée par la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD), cette dernière est revenue sur les propositions relatives au projet de loi sur le nouveau service public de la télévision. L’occasion pour média+ de rencontrer Jacques Fansten, Président de la SACD.
média+ : La redevance est la forme la plus naturelle et légitime du financement de la télévision publique. Etes-vous pour une hausse de cette taxe ?
Jacques Fansten : La redevance n’a pas été augmentée depuis 8 ans, c’est l’une des plus basses d’Europe et le courage politique aurait été de l’augmenter. Selon une étude qui vient d’être réalisée, seuls 12% des Français connaissent exactement le montant de la redevance, et 41% d’entre eux pensent que TF1 fait partie du service public. Il y a un défaut d’informations sur cette taxe, un travail de pédagogie doit être entamé. La suppression de la publicité pourrait être l’occasion de réaliser la refonte de la redevance.
média+ : Les auteurs ont-il raison d’être inquiets concernant le projet de loi sur le nouveau service public de la télévision ?
Jacques Fansten : Nous le saurons quand la loi sera votée. Il nous faut une garantie de ressources chiffrée par une autorité indépendante. S’il n’y a pas cet amendement, c’est que l’on ne veut pas sauver le service public. Désormais, les présidents des groupes devraient être choisis par le Président de la République, après avis conforme du CSA et sans l’opposition des 2/3 des commissions compétentes des deux assemblés. Cette modification dans la nomination du Président de France Télévisions n’offre pas les garanties nécessaires pour maintenir et renforcer l’indépendance éditoriale et stratégique du groupe public. Si nous voulons garantir la diversité de la création en France, il semble indispensable de maintenir l’existence d’unités de programmes dans chacune des chaînes publiques afin d’éviter la centralisation des décisions qui inquiète les auteurs. Enfin, pour libérer la création, il nous faut des règles limitant, organisant et réglementant le placement de produits et le parrainage. S’il n’y a pas ces quatre points, nous avons raison d’être inquiets.
média+ : Ressentez-vous un manque de renouveau dans la fiction française ?
Jacques Fansten : Nous trouvons qu’il existe trop de fictions qui se ressemblent, moins sur France Télévisions qu’ailleurs. Depuis que je connais la télévision, quand un programme fonctionne, on dit qu’il faut continuer à le produire parce que c’est ce que les gens veulent voir. J’ai tendance à penser le contraire. Il faut certes des rendez-vous, des habitudes mais il faut innover, rechercher, inventer…
média+ : Est-ce le problème des chaînes de la TNT ?
Jacques Fansten : Vous avez un paysage qui s’est apparemment ouvert. L’année dernière, les chaînes de la TNT toutes confondues ont investi 400 000 euros dans la création. C’est une minuscule goutte d’eau. A quoi cela sert-il de multiplier le nombre de chaînes si elles ne donnent pas une offre plus diverse que la rediffusion des séries américaines que vous avez revues ailleurs? Mais les chaînes en dessous de 11 millions d’euros de chiffre d’affaires n’ont pas d’obligations vis-à-vis de la création. En 2008, il y a déjà 200 millions d’euros qui sont partis à cause de la suppression annoncée de la publicité. Beaucoup ont pensé que cet argent irait aux chaînes privées. Mais nous nous apercevons que les grands bénéficiaires sont les chaînes de la TNT qui rendent très peu au système.