P. ROGARD (SACD) : «Supprimer France 4, et laisser la jeunesse sur une chaîne privée de la TNT, est une très mauvaise décision»

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Pascal ROGARD

Directeur général de la SACD

Mardi 26 janvier, la SACD et l’ADAGP ont signé un contrat d’autorisation avec Prime Vidéo d’Amazon. L’occasion pour média+ de le décrypter mais aussi de tirer un bilan de l’année 2020 avec Pascal ROGARD, Directeur général de la SACD.

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La SACD et l’ADAGP signent un contrat avec Amazon. Qu’en est-il ?

Pascal ROGARD

Mardi 26 janvier 2021, nous avons signé, avec l’ADAGP, un contrat d’autorisation avec Prime Video, le service de vidéo d’Amazon, pour son activité de vidéo à la demande. Ce contrat autorise Prime Video à utiliser les répertoires de la SACD et de l’ADAGP au titre de la mise à disposition d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles (fiction et animation) et pour les œuvres d’arts visuels qui y sont incluses jusqu’à la fin 2021. Il permettra aux auteurs de percevoir une juste rémunération pour l’utilisation de leurs œuvres, de manière rétroactive depuis le lancement de Prime Video en France, en décembre 2016. La SACD, l’ADAGP et Prime Video ont d’ores et déjà convenu d’engager des discussions rapidement pour étendre ce contrat au-delà de 2021.

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Quelles sont les actions menées par la SACD en 2020 lors de la crise de covid19 ?

Pascal ROGARD

Depuis le début de la crise, nous avons été très sollicités par nos membres pour, notamment, les accompagner dans leurs démarches administratives. Le statut d’auteur est particulier et peut varier suivant le secteur d’activité. Nous avons créé différents fonds pour aider les membres de la SACD. Lors de cette crise, 1.000 auteurs ont bénéficié de nos fonds (400 dans le secteur du spectacle vivant, et 600 dans l’audiovisuel). Le montant d’aide versé à ces auteurs s’élève à 2,7 millions d’euros. Pour rappel, les auteurs du spectacle vivant ont été très impactés par la crise de Covid19, avec une baisse de revenus de 60 à 90%, voire même l’arrêt total de l’activité.

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Quel est le bilan financier 2020 pour la SACD ?

Pascal ROGARD

En 2020, notre bilan financier chute de 8%. Néanmoins, cette baisse est amortie par un bilan positif (+10%) pour les auteurs du secteur audiovisuel. Cette progression s’explique par la renégociation de contrats. Concernant le spectacle vivant, nous accusons une baisse de 50%, liée à la fermeture des établissements de lieux culturels. Les auteurs de ce secteur souffrent beaucoup. Pour nombreux, ils ne touchent qu’un pourcentage de 10 à 12% des recettes d’exploitation. Avec la fermeture de ces lieux, le manque de revenus ne peut se faire que ressentir. Globalement, nous avons tenu le choc. Sur le plan de la gestion en interne, nous n’avons effectué aucun licenciement économique, et nous avons maintenu les salaires. Nous n’avons pas voulu sacrifier notre personnel.

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France 4 a prouvé sa force lors du premier confinement. Sa suppression est-elle inévitable ?

Pascal ROGARD

Depuis le début, nous sommes aux côtés des producteurs pour le maintien de la chaîne. France 4 est un support important pour la jeunesse, mais aussi pour la rémunération des auteurs. La chaîne a été indispensable lors de la mise en place du confinement, notamment auprès d’un jeune public parfois défavorisé. Maintenir France 4 ne représenta pas un effort financier important. Je trouve que supprimer une chaîne du service public, et laisser ainsi la jeunesse sur une chaîne privée de la TNT est une très mauvaise décision. Une mission flash a été commandée auprès de Béatrice Piron, députée LREM, et Maxime Minot, député LR. Nous espérons que le rapport plaidera pour le maintien de France 4.

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Quelle est la situation pour le spectacle vivant ? 

Pascal ROGARD

Depuis le 29 octobre 2020, les théâtres et autres lieux de spectacle ont été refermés partout en France. Cette interdiction administrative est venue fragiliser davantage des autrices et des auteurs. Face à une situation de plus en plus catastrophique pour ces auteurs qui n’ont ni le droit au chômage ni aux protections du régime de l’intermittence, la SACD appelle le Gouvernement à se mobiliser. Nous demandons, par exemple, le maintien des fonds d’urgence mis en œuvre pour les auteurs de cinéma et d’audiovisuel (Fonds SACD – CNC) et pour les auteurs de spectacle vivant (Fonds SACD – DGCA) sur les premiers mois de l’année 2021.