G. CALINE (Kantar) : « Les Français sont plutôt critiques sur le traitement de l’épidémie »

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Dans un contexte général de défiance, le 34ème Baromètre de confiance dans les médias Kantar Public-Onepoint pour «La Croix» note une légère amélioration dans le rapport des Français aux médias. Détails avec Guillaume CALINE, Responsable du Pôle Enjeux publics et Opinion chez Kantar.

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Y’a-t-il un frémissement de la confiance dans les médias ?

Guillaume CALINE

Pour la deuxième année consécutive, on constate une légère augmentation de la crédibilité des médias perçue par les Français. Mais nous restons tout de même à des niveaux de confiance faibles au regard de l’historique de ce baromètre. Un niveau historiquement bas a été atteint il y a deux ans avec la crise des gilets jaunes. 

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Quels sont les médias les plus crédibles aux yeux des Français ?

Guillaume CALINE

La radio reste le média le plus crédible à 52%, suivi du journal (48%), de la télévision (42%) et d’internet (28%). Malgré les évolutions constatées, la hiérarchie reste identique. La radio est perçue comme la plus crédible mais aussi la plus neutre, relayant l’info de façon brève. Internet est bien loin derrière, même si son niveau de crédibilité progresse sur un an (+5 points).  La faible confiance déclarée des Français à l’égard des infos qui circulent sur les réseaux sociaux, en particulier quand elles sont publiées par un ami, est de 19%. Ce niveau monte à 37% quand il s’agit d’infos issues d’un site d’information d’un média (presse écrite ou audiovisuelle).

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La crise sanitaire a-t-elle tempéré la défiance à l’égard des médias ?

Guillaume CALINE

Le rapport des Français aux médias s’est transformé en 2020. Il y a d’abord eu une surconsommation médiatique au début du confinement, puis une certaine mise à distance d’une actualité trop anxiogène par un certain nombre de Français. Il y a eu aussi beaucoup de critiques émises à l’égard du traitement médiatique, tout au long de l’épidémie. Les Français ont souvent reproché aux médias d’en faire trop, de dramatiser les choses et de ne pas bien informer. Face aux bouleversements en 2020, nos indicateurs de confiance n’ont pas changé, ce qui montre une certaine résistance des médias dans ce contexte. 44% des Français pensent que les médias traitent bien de l’épidémie de Covid, contre 43% qui pensent le contraire. 

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Un regain pour l’actualité est tout de même à souligner ?

Guillaume CALINE

L’an dernier, en janvier 2020, nous avions mesuré une très forte baisse de cet intérêt. Cela faisait suite à une longue mobilisation contre la réforme des retraites, une forme de lassitude des Français par rapport à l’actualité. Après tout ce qui s’est passé, on revient au même niveau qu’il y a deux ans même si l’intérêt pour l’actualité reste relativement bas. Entre la Covid, les élections américaines et l’invasion du Capitole, on aurait pu s’atttendre à un regain d’intérêt plus fort. C’est sans doute lié à une forme de lassitude après un an d’épidémie et de nouvelles rarement très réjouissantes.

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Quels sont les principaux reproches faits aux médias ?

Guillaume CALINE

Celui de dramatiser les événements pour 2/3 des Français. Ils sont 74% à considérer que les médias ont trop parlé de la crise du Covid. Autre reproche, celui d’avoir donné la parole trop souvent à des personnes qui n’étaient pas spécialistes du sujet. Au-delà du Covid, les événements dont les médias ont trop parlé, selon les Français, ont été l’élection américaine (45%) et le renoncement du prince Harry et de Meghan à leurs titres royaux (34%). D’autres événements n’ont pas été suffisamment perçus par les Français, comme la conférence citoyenne pour le climat (48%), les révélations d’abus sexuels dans le monde sportif (44%) et le mouvement pour la démocratie en Biélorussie (32%).