M. FIELD (France Télévisions) : «Nombreux sont les théâtres à venir nous demander de capter des pièces»

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France Télévisions a décidé de ne pas lâcher la culture, particulièrement frappée par la crise sanitaire actuelle. Le service public va lancer début février une chaîne éphémère, «Culturebox» sur tous les écrans, notamment le bouquet de le TNT, pour soutenir la culture, jusqu’à la réouverture des lieux culturels. Et ce ne sera pas la seule initiative. Explication avec Michel FIELD, Directeur de la Culture et du Spectacle Vivant de France Télévisions.

MEDIA +

Depuis combien de temps travaillez-vous sur la chaîne Culturebox ?

MICHEL FIELD

Depuis que je suis arrivé à France Télévisions, je rêvais d’une chaîne culturelle et de spectacles, mais il était impossible de la mettre en place pour des raisons budgétaires et d’autorisation de canal. Avec la crise sanitaire, et le prolongement de ce que nous avons initié durant le premier confinement, nous nous sommes mis en marche dès que Stéphane Sitbon-Gomez, directeur des antennes et programmes, m’a soufflé l’idée, pour monter Culturebox. Nos équipes sont mobilisées depuis des mois pour la défense du spectacle, nous sommes donc prêts pour relever ce défi. On insiste sur la dimension éphémère de la chaîne dans la mesure où nous nous substituons aux salles de spectacle tant qu’elles seront interdites d’accès.

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Comment allez-vous structurer la programmation de Culturebox ?

MICHEL FIELD

Elle sera constituée sur la base d’inédits et de rediffusions. Nous avons des contenus dont les droits se terminent à la fin de l’année. Quand nous signons avec les producteurs, nous avons généralement accès à 2 à 3 rediffusions. Malgré la fermeture des salles, nous initions des captations. Voilà pourquoi nous avons des inédits à offrir en avant-première avant leur diffusion sur France 2 ou France 5. Nous mettons aussi un point d’honneur à valoriser les régions et l’outre-mer à travers des productions et des opéras. Dans la journée, nous ferons des rediffusions des rendez-vous culturels de nos chaînes : «Le Grand Échiquier», «Fauteuil d’Orchestre», «Taratata», etc.

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Le pilier «spectacle vivant» sur France 5 est-il suffisamment installé?

Michel FIELD

Oui, nous sommes parvenus à proposer une offre de spectacles sur une chaîne qui n’en faisait pas. France 5 était pourtant la grande chaîne du savoir et de la culture du service public. La situation sanitaire et le confinement nous ont aidé à pérenniser chaque vendredi en Prime Time une case spectacle vivant.

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Allez-vous reconduire les captations de pièces au Théâtre du Châtelet ?

MICHEL FIELD

Nombreux sont les théâtres aujourd’hui à venir nous demander de capter les pièces qu’ils auraient dû jouer. De ce fait, nous n’avons plus besoin de faire une opération aussi massive que celle du Châtelet durant le premier confinement. Nous avons tendu la main à beaucoup de salles à Paris et en région. La consigne que j’ai donnée aux équipes est d’avoir au moins deux inédits par semaine.

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France 5 innove avec «C ce soir» en quotidienne avec Karim Rissouli. Une émission de débat qui rentre dans votre périmètre ?

MICHEL FIELD

En accord avec la direction de France Télévisions, il nous manquait un vrai lieu de débat d’idées. Le durcissement du débat public avec la crise sanitaire et le rôle des fake news, ont rendu plus urgente cette possibilité d’émission quotidienne. «C ce soir» est une déclinaison de «C Politique». Elle va nous permettre de suivre les grands mouvements au jour le jour en ayant le regard de philosophes, penseurs et sociologues. Nous voulons redonner vie au débat d’idées avec un peu de nuance et d’approfondissement, ce qui est un peu le contraire de ce que l’on voit sur certaines chaînes d’info.

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Une émission dans l’esprit de «Ce soir ou jamais» ?

MICHEL FIELD

On essaie d’inventer une formule qui n’a pas de prédécesseur. «Ce soir ou jamais» avait eu tendance à dériver vers le spectaculaire avec les années.

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En dépit d’audience relativement modérée, «Le Grand Equiquier» fait son retour le 2 février sur France 2. Vous persévérez ?

MICHEL FIELD

Le service public doit être au rendez-vous du grand public, en étant capable de fédérer. Parallèlement, une émission exigeante comme «Le Grand Echiquier», qui arrive à toucher 1,5 million de téléspectateurs, remplit sa fonction. La philosophie générale de Delphine Ernotte est de prendre des risques puisque les audiences générales du groupe sont excellentes.

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Qu’en est-il de la pop culture ?

MICHEL FIELD

J’en suis absolument passionné. Nous travaillons main dans la main avec les divertissements de France Télévisions gérés par Alexandra Redde-Amiel. Sur la soirée du 31 décembre à Versailles par exemple, j’en ai profité pour demander au chanteur Mika d’enregistrer un concert à lui à l’opéra royal de Versailles pour une diffusion le 5 février sur France 5. J’ai réhabilité aussi le hip hop avec des concerts de Dadju, Gims, NTM, et du stand-up avec «Génération Paname» en 2ème partie de soirée sur France 2. Un des enjeux est de désenclaver la culture et de l’ouvrir à des formes plus contemporaines. La 3ème édition du «Grand Oral» sera enregistrée en février pour diffusion en mars. Nous l’avons ancré dans la réalité du moment en donnant la parole des soignants, à ceux qui rencontrent des difficultés avec la crise. Il y aura aussi une surprise à l’animation, Laurent Ruquier étant très occupé avec son talk du samedi soir.