Mieux protéger les mineurs sur les tournages et prévenir les violences et harcèlements sexistes et sexuels (VHSS): deux avenants à la convention collective nationale de la production cinématographique ont été signés vendredi au festival de Cannes, en pleine vague#MeToo en France.
Les partenaires sociaux avaient déjà mis en place en 2020 une cellule d’écoute psychologique et d’accompagnement juridique dédiée aux victimes et témoins de violences sexuelles dans le secteur, puis en 2022 un kit de prévention sur les les situations à risque.
«Si la libération de la parole sur ces phénomènes de violence longtemps passés sous silence est progressivement rendue possible, des progrès sont encore nécessaires pour permettre aux signalements d’émerger le plus tôt possible pour les prendre en compte et les traiter immédiatement (…)», peut-on lire dans l’avenant concernant les violences sexuelles.
Cet avenant vise à améliorer «la formation des équipes techniques et artistiques» et «prendre en compte les risques spécifiques à certains métiers, notamment en créant (..) un rôle de référent sur les films ou en définissant des préconisations pour les castings et le tournage de scènes d’intimité.
Le second avenant porte sur les conditions d’emploi des artistes de moins de 16 ans et sur les dispositifs de protection qui leur sont dédiés.
«Nous entendons et nous agissons», ont commenté dans un communiqué commun, le Syndicat des Producteurs Indépendants (SPI), l’Union des Producteurs de Cinéma (UPC), l’Association des Producteurs indépendants (API), le Syndicat des Professionnels des Industries de l’Audiovisuel et du Cinéma (SPIAC-CGT), le Syndicat Français des Artistes-interprètes (SFA-CGT) et le Syndicat National des Techniciens de la Production Cinématographique et de Télévision (SNTPCT). «Au cours des prochains mois, l’efficacité de ces dispositions sera attentivement suivie par les partenaires sociaux et pourra être renforcée de mesures complémentaires sur lesquelles nous avons d’ores et déjà engagé des réflexions paritaires» notamment concernant la «certification des coordinateurs d’intimité» ou «l’intégration de la prévention des VHSS dans les cursus d’enseignement supérieur».
Une commission d’enquête de l’Assemblée nationale consacrée aux violences sur les tournages de cinéma mais aussi dans le spectacle vivant, l’audiovisuel, la publicité et la mode, doit débuter ses auditions le 22 mai et remettre son rapport début novembre.
Sa création avait été réclamée par l’actrice Judith Godrèche, devenue l’une des figures du mouvement #MeToo en France et qui a porté plainte contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques remontant à son adolescence.
L’actrice, qui a présenté jeudi dernier au festival de Cannes son court-métrage «Moi aussi» dénonçant les violences sexuelles, avait appelé à chambouler le système en «imposant» la présence d’un référent «formé» et indépendant afin qu’«un enfant ne soit jamais laissé seul sur un tournage», lors d’une auditionnée au Sénat fin février.