Suite à la publication d’un rapport sur la diversité dans les médias par le club Averroès, Amirouche Laidi, président du Club Averroès, présente pour média+ le bilan de cette étude.
média+ : Que pensez-vous de la diversité aujourd’hui dans les médias ?
Amirouche Laidi : Sur 2007, globalement, nous considérons que la problématique de la diversité est restée figée par rapport à 2006 et particulièrement en télévision. En 2006 nous avions connu des avancées positives avec la mise en avant d’un certain nombre d’animateurs, journalistes, comédiens issus de la diversité… nous n’avons pas retrouvé le même élan en 2007. En ce qui concerne la radio, c’est pire. A part Radio France, où il y a un plan d’action visant à faire la promotion de la diversité en son sein, les autres radios ne se sentent pas véritablement concernées puisqu’elles ne remettent d’ailleurs pas de rapport au CSA sur cette question. Il leur est difficile de faire état du reflet de la diversité sur leurs antennes. Cette diversité existe exceptionnellement sur RMC info et un peu sur RTL mais elle est quasiment absente encore sur les radios musicales jeunes. Normalement, ces radios s’adressent à des jeunes de toutes origines et de toutes cultures. C’est étonnant de se rendre compte qu’en leur sein, elles n’ont absolument pas de représentants professionnels issus de la diversité. Pour les chaînes de la TNT, seule Direct 8 a joué le jeu puisque quatre animateurs sur 20 sont issus de la diversité. La presse écrite n’a pas été un de nos chantiers prioritaires mais elle est également en retard. Elle l’explique par des difficultés conjoncturelles. Elle n’a pas emboîté le pas de la télévision. Nous souhaitons proposer au Parlement une proposition de loi qui soumettrait les aides publiques à la presse écrite à une contrepartie de clause de diversité.
média+ : L’instauration de quotas serait-elle satisfaisante ?
Amirouche Laidi : Nous ne sommes pas obligés d’aller aux quotas. Nous révélons une note qui explique clairement le problème. Nous expliquons que lorsqu’il y a des opportunités de postes il faut qu’elles soient rendues publiques, qu’il y ait une forme de transparence dans la compétition à la candidature. Nous ne réclamons pas de traitement de faveur mais simplement l’égalité de traitement.
média+ : Quelles sont les solutions à apporter ?
Amirouche Laidi : Il y en a beaucoup. Par exemple, dans l’échantillon de Médiamétrie, il faut veiller à ce qu’il y ait une représentation de la diversité. Le regard du téléspectateur issu de la diversité n’est pas le même que celui des autres téléspectateurs. Ils ne réagissent pas de la même manière aux programmes. Sans entrer dans les statistiques ethniques, il y a d’autres solutions comme la prise en compte du lieu de naissance, des langues parlées… J’aimerais d’ailleurs savoir si dans l’échantillonnage de Médiamétrie, il y a des personnes issues des territoires d’Outre Mer. Nous souhaitons aussi qu’un groupe de travail soit crée. Il réunirait tous les représentants de l’industrie des médias pour faire état des bonnes pratiques des uns et des autres. Les chaînes de télévision ont un traitement trop institutionnel de la diversité. Les responsables éditoriaux des chaînes ont un pouvoir immense sur le fait de recruter des animateurs issus de la diversité.