A. NGATCHA (France Télévisions) : «Deux grands événements citoyens en prime sur le service public»

À la tête des opérations spéciales de France Télévisions, Arnaud Ngatcha orchestre les grandes soirées engagées du service public. À l’occasion de deux événements majeurs — «Urgence Océan: un sommet pour tout changer» le 10 juin sur France 2 et «Ensemble pour nos animaux» sur France 3 — il revient sur la vision éditoriale qui guide ces mobilisations, entre émotion, pédagogie et participation citoyenne.

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Avec «Urgence Océan : un sommet pour tout changer» sur France 2 et «Ensemble pour nos animaux» sur France 3, deux grands événements citoyens sont programmés en Prime. Faut-il y voir une ligne stratégique durable ?

ARNAUD NGATCHA

Oui, clairement. Il y a une vraie cohérence dans les émissions spéciales que nous préparons. L’idée est de s’engager sur de grands enjeux qui concernent les Français. L’environnement en fait partie. Après la période du Covid, nous avons relancé des grands Primes autour de ces thématiques, avec des programmes comme «Aux Arbres, Citoyens !» ou «Les Super Pouvoirs des Océans». Cette année, nous nous inscrivons dans la dynamique d’un sommet exceptionnel : la 3e Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC 3), co-organisée par la France et le Costa Rica. Quant à la soirée consacrée aux 180 ans de la SPA, elle répond à un autre enjeu très fort : 90% des Français considèrent que l’animal est un membre de leur famille. Il nous paraissait essentiel de soutenir une institution comme la SPA, dont la mission est au cœur de la société française.

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Comment naissent ces opérations? France Télévisions les impulse-t-elle, ou sont-elles co-construites avec des partenaires comme la SPA ou les Nations Unies ?

ARNAUD NGATCHA

C’est une combinaison. Pour la soirée «Urgence Océan», nous avions connaissance de la tenue du sommet UNOC à Nice. Nous avons donc décidé de nous appuyer sur cet événement mondial pour relancer notre engagement environnemental. Le choix des producteurs (Winter Productions et Maraca) s’est fait naturellement. Ils produisent d’ailleurs Léa Salamé et Hugo Clément. Concernant la soirée de soutien à la SPA, l’idée est venue d’une observation personnelle. En regardant les télés étrangères, j’ai constaté le poids croissant de la cause animale. La crise du Covid a renforcé cet attachement. J’ai soumis cette idée à Stéphane Sitbon-Gomez, puis un producteur nous a proposé de marquer les 180 ans de la SPA. Tout s’est aligné naturellement.

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Vous attachez beaucoup d’importance à l’émotion et la pédagogie. Comment construisez-vous ces récits pour embarquer les publics sans tomber dans le moralisme ou l’angoisse ?

ARNAUD NGATCHA

C’est une véritable co-construction avec les producteurs. L’objectif est toujours de mettre l’éditorial au service d’un propos accessible et inspirant. On ne veut pas être culpabilisants, mais ouvrir des perspectives, montrer des actions concrètes, mettre en avant des visages inspirants.

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Pourquoi avoir choisi de diffuser «Urgence Océan» en direct depuis le port de Nice ?

ARNAUD NGATCHA

Parce que nous voulions être au cœur de l’événement. Ce sommet international est historique. Il réunit chefs d’État, scientifiques, personnalités engagées. Nous avons d’ailleurs l’accord de principe du Président Emmanuel Macron pour sa participation lors de notre émission. C’est notre rôle de service public d’être présents là où ça se passe, comme nous l’avons été pour les Jeux ou la guerre en Ukraine. Mais attention, cette émission est indépendante du sommet. Nous avons un partenariat d’affichage, mais l’éditorial est entièrement piloté par le producteur Régis Rodat et son équipe en accord avec France Télévisions.

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La participation citoyenne est centrale. Est-ce devenu une condition essentielle pour qu’un programme engagé fonctionne ?

ARNAUD NGATCHA

Elle est cruciale, mais elle doit être repensée à chaque fois. Pour «Urgence Océan», on ne voulait pas refaire un appel aux dons, comme lors des émissions précédentes. On propose cette fois une consultation citoyenne, pour inviter les gens à s’engager via cinq gestes simples. C’est une autre forme d’implication. Pour la SPA, en revanche, nous faisons un appel aux dons très concret. Il s’agit de financer des projets dans les refuges de métropole et d’Outre-mer, et aussi de favoriser l’adoption.

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Quel est l’impact de ces opérations sur l’image du service public ? Et comment voulez-vous les faire évoluer ?

ARNAUD NGATCHA

Je pense que leur impact est fort. Delphine Ernotte a cité l’émission sur les océans lors de son oral de reconduction à la tête de France Télévisions. C’est un signal fort et je la remercie. Ces opérations incarnent ce que doit être le service public : éclairer les grands enjeux du siècle, être au plus près de la vie des gens, y compris dans les régions et les Outre-mer. C’est pourquoi la soirée SPA sera sur France 3, parce que cette chaîne incarne cette proximité territoriale.

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Et demain ?

ARNAUD NGATCHA

Demain, il faut continuer à innover, à surprendre, à créer des événements. À chaque fois, l’idée est la même : créer du lien, donner du sens, et rassembler autour de causes qui nous concernent tous.