Affaire PPDA : trois femmes confient les raisons de leur plainte

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Trois femmes accusant Patrick Poivre d’Arvor de viol ou de harcèlement sexuel quand elles étaient jeunes journalistes ont confié les raisons de leur plainte contre l’ancien présentateur alors que les faits qu’elles dénoncent étaient d’évidence prescrits, comme annoncé vendredi par le parquet de Nanterre. Malgré le classement sans suite, «l’affaire n’est pas finie», espère Hélène Devynck, journaliste de 54 ans, qui fait partie des huit femmes ayant porté plainte contre PPDA. «Je suis persuadée qu’à un moment ou un autre, il y aura une victime (d’agression) non prescrite qui se signalera à la police. A ce moment-là, il y aura le poids de tout ce qu’on aura dit avant, tout le dossier ressortira». Une hypothèse soutenue sur Twitter par Elodie Tuaillon-Hibon, avocate dans des dossiers de violence sexuelle. «S’il reste ne serait-ce qu’une seule victime» de faits non prescrits dans l’affaire PPDA, avec ces témoignages, le dossier serait «en béton armé», a-t-elle estimé, après le classement sans suite. L’affaire a éclaté en février, après une plainte pour viols de l’écrivaine Florence Porcel. Sept autres plaintes et 23 témoignages ont visé l’ex-présentateur star du journal de TF1. Le parquet de Nanterre a annoncé vendredi avoir classé sans suite l’enquête après quatre mois d’investigation pour cause de «prescription» ou d’«insuffisance de preuves» concernant des accusations contestées par PPDA. Hélène Devynck, ancienne présentatrice de journaux télévisés, scénariste et co-fondatrice d’une société de conseil en communication, accuse Patrick Poivre d’Arvor de l’avoir violée quand elle était son assistante chez TF1. Elle avait 25 ans. S’en suivent 29 ans de silence. «Je comprends très bien les femmes qui ne parlent pas. Se protéger au mieux c’est se taire, c’est gérer son ballot de chagrin toute seule, en essayant de le rendre le plus petit possible», dit-elle, reconnaissant être encore aujourd’hui embarrassée par «le mot compliqué de victime». «Dans notre société, cela veut dire faible, et je ne me sens pas faible.» Pour la quinquagénaire, «avoir porté plainte n’était pas un soulagement», mais elle est «fière» d’avoir dénoncé des violences sexuelles, qui gangrènent «tous les milieux» professionnels. Porter plainte, même si les faits sont très anciens et donc prescrits, «permet de ne pas être seulement du niveau du ragot, de montrer que c’est sérieux», estime aussi Cécile Delarue, journaliste de 42 ans qui accuse Patrick Poivre d’Arvor de l’avoir harcelée sexuellement quand elle en avait 22. «Je ne veux pas qu’on dise: il ne s’est rien passé» car c’est classé sans suite, mais «que l’on retienne que vingt-trois femmes ont témoigné pour faire entendre leur vérité».