La suspension de tout partenariat pour obtenir de meilleures conditions de travail pour les salariés d’Amazon: de jeunes créateurs de la plateforme TikTok utilisent leur popularité pour faire plier le géant du commerce en ligne. Avec la campagne «People Over Prime», 70 influenceurs du réseau social, cumulant plus de 51 millions d’abonnés, ont lancé une pétition pour faire pression sur Amazon aux Etats-Unis et pousser l’entreprise à satisfaire les exigences du syndicat Amazon Labor Union (ALU). Dans une lettre adressée au géant de Seattle, le collectif Gen-Z for Change, derrière cette initiative, annonce que «jusqu’à ce que des changements aient lieu, nous empêcherons Amazon de monétiser l’un des plus grands réseaux sociaux au monde». Les revendications comprennent un salaire horaire minimum de 30 dollars, une révision à la hausse du congé maladie, ainsi que la fin des actions anti-syndicales. «On sait depuis longtemps à quel point les créateurs sont essentiels au modèle marketing d’Amazon», explique Elise Joshi, 20 ans, directrice de la stratégie de Gen-Z for Change. «Les créateurs, en particulier les créateurs TikTok sont une passerelle vers les jeunes. Amazon sait à quel point les créateurs sont puissants et nous nous réapproprions ce pouvoir», ajoute Mme Joshi, suivie par 3 millions de personnes sur l’application de partage de vidéos courtes. Grâce à l’Amazon Influencer Program, lancé en 2017, le groupe américain propose à des utilisateurs en vue de différentes plateformes (TikTok, YouTube, Instagram) de gagner de l’argent en recommandant à leurs abonnés des produits Amazon sur une page personnalisée. C’est ce dispositif que «People Over Prime» a décidé de boycotter afin de porter les demandes d’ALU. L’organisation est devenue début avril le 1er syndicat américain d’Amazon dans un entrepôt de Staten Island, à New York. Deuxième employeur aux Etats-Unis derrière la chaîne d’hypermarchés Walmart, le groupe fondé par Jeff Bezos s’oppose farouchement, depuis sa création en 1994, aux tentatives de syndicalisation dans le pays. «La santé, la sécurité et le bien-être de nos employés sont notre priorité numéro un», a assuré Paul Flanigan, un porte-parole d’Amazon, dans un communiqué. «Nous avons investi des milliards de dollars pour de nouvelles mesures de sécurité, des technologies et d’autres solutions innovantes destinées à protéger nos employés (…) Nous nous engageons à offrir à nos employés les ressources dont ils ont besoin pour réussir en créant du temps pour des pauses régulières et un rythme de travail confortable», a-t-il ajouté. Des arguments peu convaincants pour Elise Joshi, qui les qualifie de «réponse standard d’une grande entreprise refusant de reconnaître des allégations légitimes sur des abus au travail et des manoeuvres anti-syndicales». Pour les membres de Gen-Z for Change, s’adresser à des dizaines de millions de jeunes internautes confère une responsabilité particulière dans la défense des droits sociaux. «Nous nous sentons redevables car nous avons une plateforme immense et une passion pour l’équité», revendique Connor Hesse, 19 ans, coordinateur des contenus pour Gen-Z for Change. «C’est une opportunité formidable pour aider les salariés d’Amazon et faire résonner leurs voix», ajoute le créateur. Amazon est la cible la plus récente du groupe d’activistes, qui a précédemment mené des actions pour dénoncer l’anti-syndicalisme de la chaîne de cafés Starbucks ou du groupe de grande distribution Kroger. Pour Aly, qui anime le compte usa.mom.in.germany, une mobilisation massive en faveur des droits des salariés d’Amazon peut avoir un effet boule de neige. «Des campagnes comme «People Over Prime» gagneront en rapidité et en efficacité et d’autres grandes entreprises feront des changements en amont ou alors deviendront des cibles futures», prédit cette jeune Américaine.

































