Le géant américain de la distribution en ligne Amazon continue de profiter de son pari sur le «cloud», les services en ligne à destination des entreprises, qui ont à nouveau dopé sa croissance et sa rentabilité au 1er trimestre. Ses résultats trimestriels sont bien meilleurs que prévu: le bénéfice net atteint 513 millions de dollars, contre une perte de 57 millions un an plus tôt, et le c.a. a progressé pour sa part de 28% à 29,1 milliards de dollars, soit plus d’un milliard de mieux qu’attendu. Et Amazon semble parti pour continuer sur sa lancée sur le trimestre en cours: il vise un c.a. de 28 à 30,5 milliards, un peu plus optimiste que la prévision des analystes (28,3 milliards). Comme déjà les trimestres précédents, la filiale de cloud AWS est le principal moteur de la croissance et de l’amélioration des marges: ses revenus ont décollé de 64% à 2,6 milliards de dollars, et son bénéfice d’exploitation a même triplé à 604 millions. Longtemps développée dans l’ombre par Amazon, AWS s’est imposée comme le leader sur le marché du «cloud public»: elle propose à d’autres entreprises de louer de l’espace ou de faire tourner des applications dans ses centres de données. Contrairement aux autres paris souvent coûteux faits par le groupe -son patron-fondateur Jeff Bezos avait évoqué dans le passé «des milliards de dollars» perdus suite à des tentatives de diversification ratées-, le cloud s’est avéré plus rentable que le coeur de métier d’Amazon dans le commerce en ligne. AWS a ainsi largement contribué à faire revenir le groupe aux bénéfices ces derniers trimestres. Dans un communiqué, Jeff Bezos se félicite aussi des performances d’une autre activité elle aussi périphérique, mais plus grand public: les appareils électroniques. Il ne donne aucun chiffre, mais assure avoir plus que doublé en un an les ventes de la tablette Fire et avoir vu un «démarrage incroyable» pour son «hub» pour la maison Echo, un haut-parleur doublé d’un assistant virtuel baptisé Alexa capable de répondre à des questions sur la météo ou les dernières nouvelles, mais aussi de contrôler des objets connectés ou des playlists musicales. Ce n’est pas seulement AWS, mais toutes les branches du groupe qui enregistrent «une croissance très solide» ce trimestre, a assuré pour sa part le directeur financier Brian Olsavsky lors d’une téléconférence avec des analystes. Les activités de commerce en Amérique du Nord ont vu leur bénéfice d’exploitation plus que doubler à 588 millions de dollars, et leur c.a. grimper de 27% à près de 17 milliards.
A l’international, Amazon reste déficitaire, mais enregistre selon Brian Olsavsky sa plus forte croissance en 3 ans et demi (+24% à 9,6 milliards de dollars). Il y voit l’effet de la montée en puissance de Prime, le service par abonnement permettant d’avoir des livraisons gratuites des produits achetés dans les boutiques d’Amazon, ainsi qu’un accès à une quantité croissante, et variable selon les pays, de services et contenus numériques. Prime reste plus développé aux Etats-Unis, mais monte en puissance en Europe et au Japon. «Cela se voit dans l’engagement des consommateurs et leurs achats», assure le directeur financier. Les abonnés à Prime ont tendance à dépenser davantage et plus souvent dans les boutiques d’Amazon. Et le groupe commence par les attirer avec des produits d’appel comme la vidéo, dans laquelle il dit d’ailleurs vouloir «augmenter significativement» ses dépenses. Amazon vient aussi d’introduire aux Etats-Unis une nouvelle tarification, avec la possibilité de paiements mensuels et non plus seulement annuels, et une offre «low cost» donnant seulement accès à la vidéo. L’espoir est de convaincre ainsi davantage de consommateurs «d’essayer» le service, a indiqué Brian Olsavsky. Mais cela intensifie aussi la pression face au service de vidéo en ligne Netflix.