Apple annonce abandonner le service de chiffrage ultra-sécurisé de son cloud pour les utilisateurs 

(FILES) The Apple logo is seen at the entrance of an Apple store in Washington, DC, on September 14, 2021. Apple apologized on May 9, 2024 after an ad for its latest-edition iPad caused an uproar for showing an industrial press crushing objects linked to human creativity, infuriating artists. (Photo by Nicholas Kamm / AFP)

Apple a annoncé vendredi abandonner le service de chiffrage ultra-sécurisé de son cloud pour les utilisateurs britanniques, une décision qui fait suite, selon la presse américaine, à la demande de Londres de pouvoir accéder à ces données encryptées dans le monde entier pour des raisons de sécurité. Cet affrontement avec le gouvernement britannique s’inscrit dans un débat technologique et politique de fond depuis des années entre les partisans d’une protection absolue de la vie privée et ceux qui y voient un obstacle dans des enquêtes criminelles ou terroristes. «Comme nous l’avons déjà dit à maintes reprises, nous n’avons jamais mis en place de «porte dérobée» (un moyen secret pour accéder à des données, ndlr) ou de «clé principale» (qui permet de chiffrer et déchiffrer des données, ndlr) pour aucun de nos produits ou services et nous ne le ferons jamais», écrit le géant californien dans son communiqué, sans mentionner le gouvernement britannique. Les utilisateurs des produits Apple ont, s’ils le souhaitent, la possibilité d’activer la fonction «protection avancée des données» (Advanced Data Protection ou ADP) sur leurs appareils, qui permet de chiffrer les sauvegardes iCloud, dont par exemple les photos, les rendant inaccessibles à un tiers, y compris le géant de Cupertino lui-même. 

Pouvoirs très étendus : Mais selon The Washington Post, qui cite des sources proches du dossier, le gouvernement britannique a demandé à l’entreprise de créer une «porte dérobée» permettant de «récupérer tous les contenus que les utilisateurs d’Apple du monde entier ont téléchargés sur le cloud». «Nous ne commentons pas les questions opérationnelles», a réagi le ministère de l’Intérieur britannique, se refusant à «confirmer ou infirmer» quoi que ce soit. Cette demande a été effectuée, selon le journal, en vertu d’une loi de 2016 offrant des pouvoirs de surveillance très étendus à la police et aux services de renseignement de Sa Majesté, qui s’était notamment attiré les critiques du lanceur d’alerte américain Edward Snowden. Parmi les géants de la tech –devenus ces dernières semaines les puissant alliés de Donald Trump– Apple est celui qui communique le plus sur la sécurisation des données de ses utilisateurs. L’entreprise a à plusieurs reprises refusé d’aider les autorités à débloquer des téléphones, notamment celui d’un des auteurs de l’attentat de San Bernardino en Californie (14 morts le 2 décembre 2015). Le gouvernement avait dépensé, selon la presse, un million de dollars pour qu’une société tierce développe un outil capable de contourner le cryptage.