Après «Melrose Place» et «Desperate Housewives», Marcia Cross espère toujours un nouveau rôle iconique

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Inoubliable Bree Van de Kamp dans «Desperate Housewives», l’actrice Marcia Cross espère toujours un nouveau rôle iconique, 11 ans après avoir fait ses adieux à Wisteria Lane, consciente de la cruauté d’Hollywood, en particulier envers les femmes d’âge mur. «J’ai toujours pensé qu’il y aurait un troisième acte, cela n’est pas encore arrivé», a relevé, sans pathos, la star de bientôt 61 ans, devant les 1.400 personnes venues assister mardi à sa masterclass à Lille, au festival Séries Mania. «Vous allez me faire pleurer», avait lancé la comédienne, après avoir reçu une standing ovation et avant de se livrer pendant plus d’une heure. Le lendemain, cette rousse charismatique s’étonnait à nouveau de voir une foule de journalistes «s’intéresser à elle», lors d’une table ronde. Elle a pourtant bien conscience de son statut d’icône du petit écran, qui fut pour elle aussi bien une «bénédiction qu’une malédiction». «Cela a été douloureux, parce que si vous incarnez un personnage iconique, les gens doivent l’oublier et cela prend du temps», déclare celle qui a longtemps été associée à «Crazy Kimberly», la folle de «Melrose Place» dans les années 90. C’est ce rôle de méchante qui l’a révélée au grand public, après des incursions dans des séries comme «Cheers», «Côte ouest» ou «Arabesque». Et qui l’a freinée. «Je ne trouvais plus de travail, j’ai failli tout arrêter» pour devenir thérapeute, a précisé l’actrice, diplômée en psychologie. Pourtant, «mon travail était très bon, je peux le dire maintenant parce que je suis plus âgée», estime cette victime de la «stigmatisation» liée aux soap opéras, après avoir re-visionné à Lille des séquences de «Melrose Place». Notamment cette scène marquante où son personnage Kimberly, que l’on croyait morte après un accident, réapparait, enlève sa perruque, découvrant une énorme cicatrice sur le crâne. En 2004, elle décroche le rôle de Bree Van de Kamp dans «Desperate Housewives». «A l’origine je voulais le rôle de Mary Alice (voix off de la série que l’on voit très peu à l’écran)» mais Marc Cherry, le créateur, en a décidé autrement. «Et ca a changé ma vie». Bree Van de Kamp, la ménagère conservatrice et coincée de Wisteria Lane, l’a hissée au sommet pendant huit ans et depuis… plus grand chose. «C’était une révolution d’avoir des héroïnes quadras dans «Desperate Housewives»», mais malgré des progrès en matière de diversité, la question des femmes plus âgées reste, selon elle, «taboue» à la télévision américaine. «Avec une star de cinéma comme Nicole Kidman, Reese Witherspoon ou Meryl Streep (à l’affiche de la série «Big little Lies»), vous pouvez monter quelque chose», mais «pour les gens comme moi, il n’y a pas grand chose». Elle regrette aussi de ne pas avoir assouvi ses rêves de théâtre. Après avoir intégré à 18 ans le conservatoire Juilliard de New York, elle a commencé par fouler les planches avant de se tourner vers la télé pour «se faire remarquer», sur les conseils de son agent. Marcia Cross use en tout cas de sa notoriété pour la bonne cause, clamant haut et fort avoir eu un cancer de l’anus provoqué par le papillomavirus. «Personne ne veut entendre ce mot, mais il fallait que j’en parle pour sensibiliser les gens».Elle salue par ailleurs le militantisme à la française, alors que des manifestants contre la réforme des retraites ont un peu chahuté sa venue à Lille, et dit préférer «les poubelles dans la rue aux problèmes que nous avons aux Etats-Unis». Et «adorerait» revenir dans l’Hexagone pour jouer face à Philippine Leroy-Beaulieu dans «Emily in Paris», la nouvelle série à succès de Darren Star, le créateur de «Melrose Place». A bon entendeur …