AT&T : le bénéfice net au 4T explose sous l’effet de la réforme  fiscale

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La compagnie de télécommunications américaine AT&T a vu son bénéfice net exploser au 4e trimestre sous l’effet de la réforme fiscale mais, ajusté de ces éléments exceptionnels, il s’est révélé conforme aux attentes du marché. Les entreprises américaines doivent adapter leur comptabilité aux nouvelles mesures fiscales entrées en vigueur en décembre dans la foulée de la réforme votée par le Congrès et promulguée par l’administration Trump. Certaines doivent inscrire de lourdes charges mais d’autres, à l’instar d’AT&T, bénéficient de revenus exceptionnels en raison de son impact sur leur comptabilité. L’entreprise va ainsi bénéficier cette année d’une trésorerie de l’ordre de 20 milliards de dollars, qu’elle va utiliser notamment pour améliorer son réseau et pour porter ses dépenses d’investissement à quelque 25 milliards de dollars. Le bénéfice net a atteint 19 milliards de dollars, pour 2,4 milliards sur la même période l’année précédente. Ajusté des différents éléments et charges exceptionnels inscrits sur le trimestre, il est de 65 cents par action, conforme aux attentes des analystes. Le c.a. s’est montré quasiment stable à 41,7 milliards de dollars, alors que le marché attendait une baisse à 41,2 milliards. Sur l’année 2017, AT&T a enregistré un bénéfice net de 29,5 milliards de dollars pour 13 milliards l’année précédente et un chiffre d’affaires de 160,5 milliards en baisse de 2%. AT&T a livré des prévisions optimistes pour l’année en cours, tablant sur un bénéfice ajusté par action de l’ordre de 3,50 dollars là où les attentes sont de 3,05 dollars. Le titre progressait assez fortement dans les échanges d’après-séance à Wall Street, gagnant 3,50% à 38,76 dollars vers 22h40 GMT. AT&T souhaite fusionner avec le groupe de média Time Warner mais le département américain de la Justice, qui a ouvert une enquête sur cette opération, pourrait s’y opposer alors que le président Donald Trump a lui-même fait part de ses réserves. «Pour ce qui est de Time Warner, nous nous apprêtons à défendre notre cas devant les tribunaux et finaliser la transaction», a souligné mercredi le PDG du groupe Randall Stephenson. «Nous avons été évidemment surpris quand le gouvernement a tenté de bloquer la fusion car c’est un cas classique de fusion verticale entre deux entreprises qui ne se font même pas concurrence», a-t-il souligné mercredi lors d’une conférence téléphonique avec les analystes. «Mais nous restons ouverts à une solution raisonnable qui réponde aux préoccupations du gouvernement», a-t-il ajouté, en précisant que le cas sera examiné par la Justice à partir du 19 mars. «Nous restons très confiants sur le fait que nous serons capables de mener à bien cette fusion», a-t-il affirmé. Selon certaines sources, l’administration américaine souhaiterait notamment que AT&T/Time Warner se séparent de la chaine d’informations CNN, bête noire du président Trump. Mais les deux groupes ont rejeté cette éventualité. M. Stephenson a estimé par ailleurs que les règles régissant internet avaient besoin de davantage de «clarté», faisant notamment allusion à la décision de l’organisme fédéral des communications (FCC) sur la «neutralité de l’internet». «Nous avons besoin de mieux pouvoir prévoir les règles qui s’appliquent à l’internet et à la protection des données des utilisateurs», a-t-il notamment estimé. 
La FCC s’est prononcée mi-décembre pour la fin de ce principe qui obligeait les fournisseurs d’accès internet (FAI), comme AT&T, à traiter tous les contenus en ligne de la même manière. Ces fournisseurs combattaient fermement la «neutralité du net», considérant que cette règle les assimile à des services publics et empêche les investissements dans de nouveaux services. M. Stephenson s’est de nouveau félicité mercredi de la décision de la FCC mais a estimé qu’il était nécessaire d’élaborer à l’avenir une «charte des droits» des acteurs de l’internet.