B. DANARD (CNC), S. HEMAR (UniFrance) : «La France est le 2ème pays européen le plus représenté sur les plateformes à l’international»

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L’exportation des programmes audiovisuels français a atteint un niveau historique en 2020 malgré la crise sanitaire. Détails et analyse avec Benoît DANARD, Directeur des études, des statistiques et de la prospective au CNC, & Sarah HEMAR, Directrice générale déléguée à UniFrance.

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Comment expliquez-vous le dynamisme de l’exportation des programmes français ?

Benoît DANARD

D’abord, nous constatons une forte progression sur un an (+9%) de l’exportation des programmes audiovisuels (ventes internationales et préfinancements étrangers), qui représente en 2020 : 354,8 M€ soit son plus haut niveau depuis 25 ans. Cette dynamique s’explique par la qualité des contenus audiovisuels français (animation, fiction, documentaire) de plus en plus attractifs sur le marché international. D’autre part, la demande mondiale de programmes est de plus en plus forte en raison de l’émergence de nouvelles plateformes de SVOD qui viennent concurrencer les télévisions linéaires traditionnelles. Cette concurrence crée ainsi une demande de plus en plus forte sur de nombreux territoires. 746 programmes français sont aujourd’hui disponibles sur au moins une plateforme de vidéo à la demande par abonnement, la France est le 2ème pays européen le plus représenté sur les plateformes à l’international, derrière le Royaume-Uni. Cela illustre toute la richesse de disponibilités des contenus, et notamment dans le secteur de l’animation.

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L’animation française, genre toujours le plus plébiscité ?

Sarah HEMAR

Oui, toujours ! L’animation française reste le premier genre vendu à l’international à 74,7 M€. En 10 ans, ses ventes ont doublé (+110 %). Deuxième genre à l’export, la fiction se démarque particulièrement : + 135% de ventes en 10 ans. Des séries comme «L’Art du crime», «Dix pour cent» ou «Le Bureau des Légendes» participent à ce rayonnement. Quant au genre documentaire, il enregistre en 2020 un nouveau record à 46 M€, en hausse de 4,5% par rapport à 2019. Grâce à la qualité de nos créations audiovisuelles, nous sommes vendus dans des territoires que nous ne pensions pas conquérir comme les États-Unis ou le Royaume-Uni. La production a fait sa révolution et s’est adaptée au marché mondial, à la fois en volume et en qualité.

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Sur le terrain international, comment se positionne la France ?

Sarah HEMAR

Les programmes français sont en bonne place dans les carnets de commandes internationaux. En nombre de programmes commandés sur les 12 derniers mois, la France est le 3ème pays européen en fiction, et le 3ème pays mondial en animation et en documentaire. L’Europe de l’Ouest est très friande de nos programmes.

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Quel est l’impact de la diversité des acheteurs sur le marché ?

Benoît DANARD

C’est à la fois une opportunité mais aussi une source de complexification. Les nouveaux acteurs, tout comme les acteurs traditionnels souhaitent avoir des exclusivités sur les programmes. Lorsqu’une exclusivité est cédée sur un territoire, d’autres acheteurs en sont privés. Après, c’est tout le savoir-faire des exportateurs que de jongler avec ses contraintes. On observe des difficultés de fenêtrer les droits car tous les acteurs sont présents sur les mêmes écrans et se concurrencent de plus en plus. La cession de droits est aujourd’hui plus complexe avec des fenêtrages de droits plus sophistiqués qu’avant.

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L’export ne connaît pas la crise. Vous confirmez ?

Sarah HEMAR

L’export se défend bien. Mais les professionnels du secteur n’ont pas chômé. Nous avons passé une année où nous nous sommes complètement réinventés avec des opérations de promotion en ligne. Mais ne pas pouvoir se déplacer sur les marchés impacte la prospection, et donc la conquête de nouveaux territoires.