Bras de fer entre le gouvernement brésilien et Google sur la désinformation

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Le gouvernement brésilien a accusé mardi Google de faire de la «propagande mensongère et abusive» contre un projet de loi sur la désinformation en ligne que l’entreprise a critiqué ouvertement sur son moteur de recherche.

Ce bras de fer a lieu tandis que la Chambre des députés doit voter dans la soirée le PL 2.630, surnommé «Loi sur la désinformation», et fustigée comme une «Loi de la censure» par ses détracteurs. Ces derniers jours, un lien avec des messages comme «Le PL de la désinformation peut nuire à votre internet» a été publié en dessous du moteur de recherche de Google au Brésil.

Ce lien dirigeait les internautes vers une publication du blog de Marcelo Lacerda, directeur des relations avec le gouvernement de Google au Brésil, avertissant des «conséquences indésirables» de cette nouvelle législation si elle était approuvée.

Le Bureau de protection des consommateurs du Brésil a ordonné à la compagnie américaine de faire en sorte que ces liens apparaissent comme des «messages publicitaires».

Google a également été sommé de publier des messages de «contre-propagande», sous peine d’une amende d’1 million de réais (180.000 euros) par heure.

Le ministre de la Justice, Flavio Dino, a par ailleurs accusé en conférence de presse la compagnie américaine de «manipuler» les résultats des recherches pour montrer en majorité des pages défavorables au projet de loi, ce que Google nie catégoriquement.

Lors de la même conférence de presse, le secrétaire à la protection des consommateurs a qualifié les messages de Google de «propagande mensongère et abusive».

Le lien qui dirigeait vers la publication critiquant le projet de loi a été retiré du moteur de recherche mardi. Une porte-parole de Google a expliqué que ce retrait était déjà prévu, et qu’il n’était pas dû aux mesures prises par le gouvernement à l’encontre de la compagnie.

Le PL 2.630, qui a déjà été approuvé au Sénat, a été déposé au Congrès il y a trois ans, au même titre que de nombreux textes de loi passés dans le monde entier pour tenter de lutter contre la désinformation.

Ce sujet est particulièrement sensible au Brésil, où de nombreuses fausses informations ont circulé pendant la campagne de l’élection présidentielle d’octobre.

Mardi, l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro, battu par Luiz Inacio Lula da Silva (gauche) lors de ce scrutin, a qualifié le projet de loi de «début de la fin de notre liberté», lors d’un entretien au site Revista Oeste.