Bruxelles met en garde la Turquie sur la censure d’Internet

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La Commission européenne a exhorté mardi les autorités turques à ne pas se livrer à de la censure sur Internet limitant le droit à la liberté d’expression, alors qu’une nouvelle réglementation controversée dans ce domaine doit bientôt entrer en vigueur. «Nous suivons cela de très près et, sur le principe, nous soulignons que tout blocage de contenu Internet doit être ciblé et proportionné et doit suivre une procédure judiciaire», a déclaré sa porte-parole pour les questions liées aux pays candidats à l’adhésion à l’Union européenne, Natasha Butler. La fermeture de sites Internet sur la base d’une liste de mots interdits par les autorités «peut porter atteinte aux droits à la liberté d’expression et à l’accès à l’information», a-t-elle ajouté. «Nous réitérons notre préoccupation au sujet de fermetures fréquentes de sites Internet en Turquie qui sont disproportionnées dans leur ampleur et leur durée», a encore dit la porte-parole. Des milliers de manifestants ont investi dimanche les rues de plusieurs villes de Turquie pour protester contre la censure à laquelle sont soumis les sites Internet dans ce pays. L’accès à des milliers de sites Internet a déjà été bloqué en Turquie, souvent en raison de contenus sexuels mais aussi pour des motifs politiques, comme les insultes à Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne, qui a valu au site de partage de vidéos Youtube trois ans d’interdiction. La situation est dénoncée par les défenseurs de la liberté d’expression, qui s’indignent du flou de la législation en vigueur et de l’opacité des procédures conduisant à la censure de sites. Les manifestants ont dénoncé en particulier un nouveau projet de réglementation prévoyant que tout utilisateur d’Internet s’identifie avec un mot de passe au moment d’entrer sur la Toile et soit contraint de choisir parmi quatre filtres le niveau de restriction de son accès aux sites.