C. BIZERN (ParisDOC) : «Sur les 60 films proposés depuis 10 ans, 70% ont trouvé un distributeur ou un vendeur international»

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La 10ème édition de ParisDOC, à destination des professionnels dans le cadre du Cinéma du Réel, se tient du 22 au 31 mars 2024. L’occasion pour media+ d’évoquer cette édition avec Catherine BIZERN, Déléguée générale et directrice artistique du Cinéma du Réel.

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Que représente le ParisDOC ?

Catherine BIZERN

En créant ParisDOC, Cinéma du réel s’est proposé d’agir concrètement auprès des professionnels pour encourager la circulation des documentaires et favoriser les rencontres entre ceux qui font les films et ceux qui œuvrent à leur diffusion, non pas en créant un marché, mais des dispositifs de mise en relation sur mesure.  Après les Work in progress, nous avons créé sur le même modèle en 2020, les rendez-vous du documentaire de patrimoine consacrés aux films en cours de restauration, et en 2021 First contact qui permet à des auteurs en cours d’écriture de présenter leurs projets à un aréopage de producteurs. Nous avons également mis en place un parcours des exploitants, en collaboration avec l’ACID et l’ACRIF. C’est une invitation faite aux programmateurs de venir voir sur une journée quatre films qui sortiront en salles dans les mois suivants, et rencontrer leurs auteurs et distributeurs.

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Quels sont les temps forts de l’édition 2024 ?

Catherine BIZERN

ParisDOC est un lieu d’échanges et de discussions autour de la fabrication des films, des préoccupations qui traversent l’ensemble du milieu documentaire. Cette année, on s’intéressera au montage face à l’IA, aux pratiques artistiques avec des amateurs et nous poserons la question de la décroissance visuelle dans un monde où l’image virtuelle notamment est de plus en plus présente. De son côté, le forum public, qui est une initiative de l’association des Amis de Cinéma du réel, tente chaque année de mettre les pieds dans le plat autour de questions qui remuent le milieu documentaire français. Cette année les trois tables rondes s’attaquent à des notions et des pratiques qui nous semblent préoccupantes.

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Quel bilan tirez-vous de ParisDOC Works-in-Progress ?

Catherine BIZERN

L’efficience des Works-in-Progress peut se résumer ainsi : sur les 60 films montrés aux professionnels depuis 10 ans, 80% ont été sélectionnés dans au moins un festival international et 70% ont trouvé un distributeur ou un vendeur international. Nous avons reçu cette année près de 200 films en cours de montage pour une sélection qui ne compte que 6 projets. C’est une sélection particulièrement délicate qui dépend de différents critères. Et le premier d’entre eux est l’intérêt que suscite le film pour nous lors de son visionnage. Bien entendu, nous nous intéressons à des films qui ont un potentiel cinématographique fort. Nous cherchons aussi un équilibre entre l’expérimentation telle que nous la défendons dans notre compétition, mais aussi avec la possibilité du film à trouver un débouché commercial. Cependant nous ne sommes pas à la place des vendeurs ou des distributeurs, aussi nous nous fions surtout à notre enthousiasme.

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Quel regard portez-vous sur l’évolution du genre documentaire en France ?

Catherine BIZERN

Il est difficile de déterminer si on peut catégoriser le documentaire comme un genre à part entière. Il occupe une place de choix dans l’univers cinématographique, au même titre que la fiction, avec une diversité de genres qui semble illimitée. Le documentaire s’inscrit pleinement dans notre époque. Je choisis délibérément de traiter le documentaire exclusivement dans le contexte du cinéma. Ce n’est pas pour nier son existence à la télévision, mais plutôt parce que je remets en question la séparation, spécifiquement française, entre l’audiovisuel et le cinéma. Cette division, d’ordre industriel, a, selon moi, injustement restreint le champ du documentaire pendant bien trop longtemps.