Canada: nouvelle offensive judiciaire des avocats d’une cadre du géant chinois des télécoms Huawei

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Les avocats d’une dirigeante du géant chinois des télécoms Huawei arrêtée au Canada il y a près de deux ans à la demande des Etats-Unis reprenaient lundi devant un tribunal de Vancouver leur interrogatoire de policiers et douaniers canadiens ayant participé à son arrestation.

Lors d’une nouvelle série d’audiences prévue pour durer au moins jusqu’au 7 décembre, la défense de Meng Wanzhou tentera de faire échouer la procédure d’extradition en cours en contestant les conditions de son interpellation à l’aéroport de Vancouver le 1er décembre 2018. La directrice financière de Huawei avait été arrêtée à la demande des Etats-Unis, qui l’accusent d’avoir contourné les sanctions américaines contre l’Iran et veulent la juger pour fraude bancaire.

Cette arrestation, suivie quelques jours plus tard par la détention en Chine de deux Canadiens accusés d’espionnage, a provoqué une grave crise diplomatique entre Pékin et Ottawa. Lors de précédentes audiences fin octobre, les avocats de la fille du fondateur de Huawei avaient pour la première fois fait témoigner un policier et un douanier ayant participé à l’arrestation de leur cliente. Cette dernière avait été interrogée pendant trois heures à l’aéroport, et avait dû donner les codes secrets de ses appareils électroniques, sans connaître la raison de cette interrogatoire. Cela constitue selon sa défense une violation de ses droits. Ses avocats soupçonnent les autorités canadiennes de «collusion» avec le FBI américain pendant cet interrogatoire, au cours duquel ils auraient tenté de récolter des informations sur Mme Meng. Un douanier canadien appelé à témoigner avait reconnu fin octobre avoir transmis à la police fédérale les mots de passe d’appareils électroniques de Mme Meng à l’issue de l’interrogatoire, mais il avait affirmé l’avoir fait par erreur. La défense de la dirigeante chinoise l’avait accusé de mentir. A partir de lundi, les avocats interrogeront d’autres membres des deux services dans leur collimateur: l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et la Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale). La dernière journée devrait être consacrée à un autre sujet avancé par la défense pour tenter de faire dérailler le processus d’extradition: une interview du président américain Donald Trump fin 2018, dans laquelle il affirmait qu’il n’hésiterait pas à intervenir dans la procédure contre Mme Meng si cela permettait d’obtenir des concessions de la Chine dans les négociations commerciales entre les deux pays. Les déclarations de M. Trump ont «empoisonné» la procédure et amoindri les chances de leur cliente d’obtenir un procès équitable, estiment ses conseils. L’audience finale pour déterminer si Meng Wanzhou doit être extradée est prévue en avril.