Cannes célèbre les séries avec la 1ère édition de Canneseries

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Stars sur la Croisette, tapis (rose!) et montée des marches sous le crépitement des flashes avant la projection… Un mois avant d’accueillir le gratin du 7e Art, Cannes célèbre les séries et on se croirait déjà un peu au cinéma. «C’est intense d’être à Cannes !», lâche le comédien Michael Kenneth Williams («The Wire»), l’un des membres du jury de la première édition de Canneseries qui se tient dans le sud de la France jusqu’à mercredi. Dans ce nouveau rendez-vous consacré aux séries, doté comme le vénérable Festival de Cannes d’une compétition officielle, «nos décisions peuvent vraiment changer des carrières», estimait samedi l’écrivain et scénariste Harlan Coben, président du jury. Autre membre du jury, la scénariste Audrey Fouché («Les Revenants «) voit dans la création de ce festival «une forme de reconnaissance de la série en tant qu’art» et l’accueille comme «un très bon signe pour les gens de (sa) génération». Les projections des dix séries en compétition ont débuté ce week-end, dans la salle Lumière du Palais des Festivals, celle-là même où sont projetés les longs-métrages en compétition officielle lors du Festival de Cannes. En ce dimanche, la salle est relativement bien remplie pour découvrir «Félix». Une série «inclassable», dixit son son créateur, le catalan Cesc Gay («Truman»), accompagné sur la Croisette du comédien argentin, Leonardo Sbaraglia, incarnant le héros naïf de «Félix», et sa mystérieuse Julia interprétée par l’actrice Mi Hoa Lee. Un autre thriller, «The Typist», beaucoup plus sombre, suit dans l’après-midi, avec son héroïne sexagénaire, aux desseins de vengeance noire. Ecrit par Nina Grosse pour la chaîne publique allemande ZDF, il était présenté en première mondiale. Dimanche soir, le public est plus nombreux encore pour accueillir la première mondiale de «Killing Eve» (BBC America), créée par Phoebe Waller-Bridge («Fleabag») qui met face à face deux espionnes impitoyables, incarnées par Sandra Oh («Grey’s anatomy) et Jodie Comer («Doctor Foster»). Une «standing ovation» salue ensuite la performance des comédiens israéliens de «When Heroes fly» (Keshet Broadcasting), et son réalisateur Omri Givon («Hostages»), après sa projection – également en première mondiale. Les autres séries en lice, la mexicaine «Aqui en la tierra», l’italienne «Il Cacciatore» (Rai 2), l’israélienne»Miguel» (Hot), la norvégienne «State of Happiness» (NRK1), la sud-coréenne «Mother» (TvN) et la belge «Undercover» (Eén) seront projetées entre lundi et mardi. Le palmarès sera dévoilé lors de la soirée de clôture mercredi. Parallèlement aux projections, les distributeurs de ces séries oeuvrent à leur commercialisation pendant le MipTV, marché international audiovisuel qui s’ouvrait ce lundi à Cannes, et auquel s’est opportunément adossé Canneseries. La compétition y est moins glamour et plus féroce. La mise à disposition immédiate de l’intégralité des séries sur des plateformes libère des contraintes horaires imposées par la diffusion linéaire à la télévision, mais rend aussi l’audience plus volatile et exigeante. Ces séries doivent ainsi séduire rapidement le téléspectateur «sinon il y en a toujours quelques centaines d’autres» à sa portée immédiate», rappelle Harlan Coben. Comme «un livre se jauge à la lecture de ses vingt premières pages», une série «se juge sur ses 20 ou 30 premières minutes», tranche le président du jury. Pour le catalan Cesc Gay, «le rapport à la série est le même qu’à la littérature, on peut très bien ouvrir cinq livres en même temps». Contrairement au cinéma, dit-il, qui noue un «pacte tacite» avec son spectateur qui «lui accorde d’emblée toute son attention», le téléspectateur qui désormais «visionne ses séries dans le train, au café, au lit ou dans un sofa» a pour sa part tout loisir d’interrompre le programme dès lors qu’il n’est pas ou plus captivé.