Le plus gros festival de longs-métrages français au monde, Colcoa, fête ses 20 ans avec une programmation d’une actualité brûlante, avec des films sur le terrorisme islamiste ou le racisme dans l’industrie du divertissement. L’édition 2016 de «City of Light, City of Angels» va projeter le record de 70 films et séries télévisées au coeur d’Hollywood, au siège du prestigieux syndicat des réalisateurs américains (DGA), où plus de 25.000 personnes sont attendues du 18 au 28 avril. «Ce 20ème anniversaire», à l’heure d’un monde confronté à un état d’urgence généralisé, «mérite une programmation forte et spectaculaire reflétant la diversité (…) créativité et dynamisme» de la production française, selon Francois Truffart, producteur exécutif et directeur artistique. Le festival projettera notamment «Made in France», thriller de Nicolas Boukhrief, sur l’infiltration par un journaliste d’une cellule jihadiste ayant pour mission de semer le chaos dans Paris. Le film a été déprogrammé 2 fois après les attentats de janvier puis novembre 2015, avant de finalement sortir en VOD. Il doit sortir prochainement en salles au Canada. Autre sujet à controverse, en particulier à Los Angeles, qui abrite la plus grande diaspora arménienne au monde: «Une histoire de fou», sorti en France pour le centenaire du génocide arménien. Il suit dans les années 80 un Marseillais de parents arméniens qui passe à la lutte armée, et en parallèle une victime collatérale d’un attentat qu’il commet. Colcoa a également sélectionné 2 films polémiques sur des femmes dans le monde musulman: «Much Loved», oeuvre franco-marocaine de Nabil Ayouch sur la vie de 4 jeunes prostituées à Marrakech, dévoilé à la Quinzaine des réalisateurs. Interdit au Maroc, il a valu menaces de mort et agression à l’actrice principale Loubna Abidar, réfugiée en France. Le franco-tunisien «A peine j’ouvre les yeux», de Leyla Bouzid, a également fait des vagues. Il met en scène les difficultés d’une jeune chanteuse d’un groupe de rock dans sa société répressive.
Le festival s’ouvrira avec «Chocolat», de Roschdy Zem, qui pourrait faire polémique à Hollywood, agité ces derniers mois par une virulente controverse sur son manque de diversité. L’Académie des Oscars a notamment été vertement critiquée pour avoir pour la 2ème année de suite sélectionné uniquement des acteurs blancs. «Chocolat» met en scène l’un des acteurs français les plus populaires à Hollywood, et installé depuis plusieurs années à Los Angeles: Omar Sy, connu outre-Atlantique depuis le succès mondial d’«Intouchables» et grâce à ses prestations dans les blockbusters «X-Men» et «Jurassic World». Le film raconte l’histoire vraie de Rafael Padilla, né à Cuba dans une famille d’esclaves, et qui devint le 1er clown noir en France, confronté à la bigoterie, au racisme, tout en devenant une célébrité. Colcoa projettera en clôture et en avant-première mondiale «Un homme à la hauteur», avec Jean Dujardin. L’acteur oscarisé pour «The Artist» revient à la comédie en tout petit homme qui tente de séduire Virginie Efira. Autre exclusivité mondiale: «Le voyage de Fanny», de Lola Doillon, l’histoire vraie d’une adolescente de 13 ans qui mène seule un groupe d’enfants juifs comme elle dans une odyssée pour échapper aux nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Côté télévision, les spectateurs de Colcoa pourront découvrir la série comique réalisée par Cédric Klapisch «Dix pour cents», l’un des gros succès de 2015, sur les tribulations d’agents de stars. Record d’audience en France l’an dernier, «La disparue», sur le meurtre d’une adolescente et l’impact tragique sur sa famille qui se désagrège, sera aussi au programme, ainsi que la série surnaturelle «Le Secret d’Elise».