Colombo a félicité mardi l’écrivain sri lankais Shehan Karunatilaka, lauréat du Booker Prize britannique pour son roman sur la guerre civile

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Colombo a félicité mardi l’écrivain sri lankais Shehan Karunatilaka, lauréat du Booker Prize britannique pour son roman «The Seven Moons of Maali Almeida» qui ressuscite le passé sanglant de l’île durant la guerre civile.

Le porte-parole du gouvernement, Bandula Gunawardana, a félicité Shehan Karunatilaka, déclarant que son «grand succès» avait «fait honneur au pays». La veille, le jury avait salué «l’ampleur et la compétence, l’audace, la hardiesse et l’hilarité» de l’auteur, qui voit ainsi couronné son deuxième roman. Le livre suit un photographe de guerre joueur et homosexuel qui, depuis l’au-delà, essaie de découvrir qui l’a tué. Cette affaire de meurtre à l’humour noir se déroule dans la capitale sri lankaise, Colombo, dans les années 1980, en plein chaos de la guerre civile qui a pris fin en 2009 et fait, selon l’ONU, au moins 100.000 morts. Les forces armées du Sri Lanka sont accusées de crimes de guerre par des défenseurs des droits humains. Ces derniers estiment que 40.000 civils tamouls ont péri dans les derniers mois du conflit. M. Gunawardana, également ministre des Médias mais aussi auteur et producteur de films, a déclaré que l’armée l’avait empêché de réaliser un film sur l’assassinat, en 1990, du journaliste Richard de Zoysa. «À la fin des années 1980, environ 60.000 vies ont été perdues. En raison des menaces et des intimidations, les intellectuels ont quitté le pays», a-t-il raconté, les assaillants «entraient dans les maisons, faisaient s’agenouiller les journalistes et les tuaient». «Si ce livre est adapté au cinéma, le nouveau gouvernement n’essaiera pas d’y faire obstacle», a-t-il assuré aux journalistes. A Londres, en recevant le prix, Shehan Karunatilaka a remercié son éditeur Sort of Books d’avoir publié ce livre «bizarre, difficile, étrange». Il a fait part de son espoir que «dans un avenir pas trop lointain», le Sri Lanka «comprenne que ces idées, de corruption, d’appât du gain et de copinage ne fonctionnent pas et ne fonctionneront jamais».

Le prix littéraire lui a été remis en personne par la reine consort britannique Camilla, à l’occasion de la première cérémonie publique du Booker Prize depuis la pandémie de Covid-19 en 2019. Shehan Karunatilaka, 47 ans, est le deuxième écrivain né au Sri Lanka à recevoir le Booker Prize, après Michael Ondaatje en 1992 pour «Le Patient Anglais». Le vainqueur remporte la récompense de 50.000 livres (environ 60.000 euros) et l’assurance d’une renommée internationale. Salman Rushdie, Margaret Atwood ou Hilary Mantel, décédée le mois dernier à 70 ans, font partie des écrivains ayant reçu le prix, qui récompense les romans écrits en anglais publiés au Royaume-Uni ou en Irlande.