Coronavirus: l’industrie du cinéma cherche elle aussi à composer, face à la situation inédite

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Tournages annulés, salles fermées, Festival de Cannes au mieux reporté: l’industrie du cinéma cherche elle aussi à composer, face à la situation inédite engendrée par la crise du coronavirus. Principale mesure prise par les studios et les distributeurs: le report de sorties initialement prévues au printemps, dont le prochain James Bond, «Mourir peut attendre», repoussé à novembre. Aux Etats-Unis, Disney a aussi reporté son «Mulan», remake en prises de vues réelles du dessin animé de 1998. Universal repousse à 2021 le 9ème épisode de «Fast and Furious». «Wonder Woman 1984» ne sortira finalement qu’en août et non en juin. En France, «Petit pays», adaptation du roman à succès du même nom, a été déprogrammé in extremis et doit être en salles le 26 août. Attendu sur les écrans mi-mars, le «Pinocchio» de Matteo Garrone, succès en Italie, sortira sur les écrans français le 1er juillet. «C’est l’ensemble du calendrier de sorties qu’il va falloir réorganiser, car il n’y a pas que les salles à l’arrêt: il y a aussi les tournages, la post-production, le doublage, etc.», souligne Richard Patry, patron de la fédération des exploitants cinéma en France. Pour autant, il n’attend pas forcément d’embouteillage à l’automne car certains des films annoncés pour ce moment-là ne seront pas prêts. Une comédie romantique (Paramount) sur Netflix, sans passer par la case cinéma: la nouvelle a secoué Hollywood lundi, déjà bousculé par la montée en puissance des plateformes de streaming. Jusqu’ici, certains studios avaient opté pour la vidéo à la demande (VoD) en raison de la fermeture des salles, en proposant des films à la carrière interrompue par la crise du coronavirus. C’est le cas d’Universal: pour un peu moins de 20 dollars, il est possible de louer pendant 48 heures «The Invisible Man», avec Elisabeth Moss, «Emma» et «The Hunt». Le studio prévoit aussi la sortie simultanément en salles et en VoD de «Les Trolls 2 – Tournée mondiale». En France, où la chronologie des médias encadre strictement la sortie des films, cette solution n’est pas possible: un délai de 4 mois est nécessaire entre le grand écran et la VoD. Une dérogation «au cas par cas» a été instaurée pour permettre une sortie en VoD des films du 14 mars, dans le cadre de la loi d’urgence. Elle doit être étudiée par le CNC (Centre national du cinéma), organe de soutien au 7e art, mais concerne très peu de films. D’autant que les salles souhaitent une reprogrammation des films au succès entravé par la pandémie, quand l’activité reprendra. Pourraient être concernés: «La bonne épouse», avec Juliette Binoche (171.000 entrées en 1re semaine) ainsi que «De Gaulle» qui cumulait près de 600.000 spectateurs en 2 semaines. Si l’industrie du cinéma est bel et bien en crise, la période est propice pour le cinéphile en quête de pépites ou désireux de revoir des films pas forcément récents: outre les «usual suspects» que sont les mastodontes Netflix, Amazon et Apple TV, rejoints par Disney+ dans plusieurs pays européens cette semaine, des plateformes plus pointues se distinguent. UniversCiné, un des pionniers de la VoD en France propose depuis lundi une sélection de 200 films à petit prix (0,99 euro l’unité). L’occasion de (re)voir «Melancholia» de Lars von Trier, «Holy Motors» de Leos Carax ou «La Haine» de Mathieu Kassovitz. Prisée des étudiants en cinéma et de Martin Scorsese, la plateforme Mubi, basée à Londres, fait une offre découverte de 3 mois pour à peine plus d’un euro (1 livre sterling). Elle propose chaque mois une sélection éclectique de 30 films sur abonnement, dont «India Song» de Marguerite Duras. En Italie, la Cinémathèque de Milan a mis gratuitement à disposition son catalogue sur inscription en ligne et le site MyMovies propose une cinquantaine de films en accès libre pour inciter à rester chez soi.

Enfin, pour les amateurs de raretés, le site Openculture a recensé plus d’un millier de films accessibles gratuitement sur la toile car tombés dans le domaine public.