Corruption en Irak : Ericsson juge «probables» de devoir faire de nouveaux paiements à la justice américaine

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Ericsson a dit jeudi juger «probable» de devoir faire de nouveaux paiements à la justice américaine pour pouvoir régler une affaire de corruption en Irak qui plombe le géant suédois de l’équipement télécoms depuis deux mois. «La résolution de ces dossiers pourrait entraîner différents types d’actions de la part du ministère américain de la Justice, et pourrait probablement inclure de nouveaux paiements supplémentaires, dont l’ampleur ne peut à ce stade pas être estimée de façon fiable», indique Ericsson à l’occasion de la publication de résultats mitigés au premier trimestre. Dans ce rapport trimestriel, le patron du groupe Börje Ekholm affirme qu’Ericsson est «pleinement engagé à coopérer» avec la justice américaine, dont la compétence universelle dans de nombreux domaines lui permet des poursuites contre nombre de groupes étrangers. L’affaire irakienne avait éclaté en février en amont de la publication d’une vaste enquête de presse coordonnée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Celle-ci a contraint Ericsson à rendre publiques les conclusions d’une enquête interne, identifiant des faits de possible corruption pendant de nombreuses années dans les activités irakiennes du groupe entre 2011 et 2019. L’enquête interne évoque notamment des versements suspects pour du transport routier dans des zones contrôlées par l’organisation État islamique, suspectés d’avoir fini dans les poches du groupe jihadiste lorsqu’il contrôlait une partie du territoire irakien. Ericsson avait reconnu «un comportement inacceptable» et assuré avoir mis les bouchées doubles contre le risque de corruption, mais peiné à éteindre l’incendie. Depuis mi-février, l’action du fleuron suédois, qui emploie près de 100.000 personnes dans le monde, a perdu près d’un quart de sa valeur. Fin mars, Börje Ekholm et le reste de la direction avaient perdu un vote clé lors de l’assemblée générale des actionnaires, tout en conservant leurs postes.
L’affaire irakienne inquiète les investisseurs car Ericsson a un passif en la matière. En décembre 2019, le groupe avait déjà payé un milliard de dollars à la justice américaine pour clore des poursuites de corruption dans cinq autres pays (Djibouti, Chine, Vietnam, Indonésie et Koweït), dans le cadre d’un accord transactionnel («Deferred prosecution agreement»).Ericsson est actuellement engagé dans une rude bataille mondiale avec le chinois Huawei et le finlandais Nokia pour construire les réseaux 5G à travers le monde, sur fond de tensions géopolitiques entre les États-Unis et la Chine concernant ces équipements sensibles. Le secteur est un des rares domaines technologiques sans poids lourd américain depuis le rachat de Lucent par Alcatel, lui même avalé par Nokia fin 2016.